La popularité de Manuel Valls déstabilisée par la crise d'Etat

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  • Jean Daniel Lévy

Délits d'Opinion : Manuel Valls perd 4 points dans cette nouvelle vague du baromètre. Le Premier ministre suit-il la même tendance que son prédécesseur Jean-Marc Ayrault ?

Jean-Daniel Lévy : Les structures de confiance à l'égard de Jean-Marc Ayrault et de Manuel Valls n'ont jamais été similaires. A Jean-Marc Ayrault, nouveau Premier ministre, on reconnaissait le caractère posé, une gestion reconnue de la ville de Nantes, la complicité avec François Hollande. Manuel Valls, quant à lui, était apprécié au regard de sa complémentarité d'avec le Président et notamment dans l'autorité, la cohérence et les valeurs qu'il portait (République, Laïcité...). En ceci les courbes de confiance ne sont pas tout à fait comparables. Rappelons-nous que la confiance accordée à l'actuel Premier ministre était dès le départ inférieure à celle de Jean-Marc Ayrault en mai 2012.

La baisse de 4 points à laquelle Manuel Valls fait face est avant tout (politiquement) le fait de sympathisants de Droite et d'Extrême-Droite.

Nous aurions pu nous attendre à voir le Premier ministre pâtir des manifestations organisées dans le cadre du conflit Israélo-Palestinien. Il n'en est rien. Et lorsque l'on analyse les expressions spontanées des personnes critiques, notamment à droite, on lui reproche avant tout son inaction ou une politique de Gauche comme le dit ce sympathisant de l'UMP : « Avant son arrivée à Matignon, il semblait valable. Mais, il est coincé par Hollande et par sa majorité réticente à tout changement ». Ajoutons à cela - et Jean-Marc Ayrault n'avait pas été touché par cette critique - une croissance de la désapprobation de son style, traduite par une attitude jugée arrogante voire agressive. Il s'agit là du corolaire d'une des principales raisons de la confiance qui lui est accordée par 39% des Français.


Délits d'Opinion : Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian perdent respectivement 5 points et 2 points. Pâtissent-ils de l'instabilité internationale notamment au Proche-Orient ?

La baisse de confiance exprimée à l'égard de Laurent Fabius apparaît comme la plus manifeste. Les 52% des Français lui faisant confiance en avril dernier se sont réduits à 41% en quatre mois. On le sait, les Français portent habituellement un regard tiraillé sur la politique internationale. Dans les enquêtes quantitatives, il est rare que les personnes interrogées déclarent accorder une grande importance à la politique internationale. Les priorités assignées aux gouvernants se cantonnent à l'Hexagone. Les Français ne se morfondent pas de voir la part de l'international réduite à sa portion congrue lors des débats précédant l'élection présidentielle. Et pourtant. Dès qu'il est question non seulement de la situation internationale mais surtout de la place de la France dans le monde, l'exécutif en profite ou en pâtit. On peut se rappeler ainsi que l'intervention de la France au Mali avait été - temporairement - profitable à François Hollande. Ici, il s'agit probablement plus d'une France qui n'a pas donné le sentiment d'être présente - à la hauteur des attentes des Français - au niveau international que de la seule situation en Israël et dans la bande de Gaza.


Délits d'Opinion : A droite parmi les quadras, constate-t-on une montée en puissance de protagonistes, qui seraient capables de troubler la bataille à trois entre Sarkozy, Fillon et Juppé pour la primaire de 2016 ?

Effectivement, Nathalie Kosciusko-Morizet (26%, +3 points), Bruno Le Maire (25%, +4), Laurent Wauquiez (24%, +2), Xavier Bertrand (23%, +4) voient la confiance exprimée à leur égard progresser. Pour autant celle de Nicolas Sarkozy (32%) croît de 2 points alors même qu'il a été mis en examen ; François Fillon et Alain Juppé voient également leur confiance augmenter d'un point. Rappelons le ici : popularité ou confiance n'est pas vote. Et le lien n'est pas mécanique. Reste la "poussée" des quadras. Et, parmi les sympathisants de Droite, une croissance généralement de deux points pour l'ensemble des acteurs hormis François Fillon. Tout se passe comme si la crise interne à l'UMP ne causait actuellement d'autres dégâts d'opinion que ceux concentrés pas Jean-François Copé. Soulignons enfin que, parmi les quadras, et quand bien même elle n'est pas parvenue à conquérir Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet prend chez les sympathisants de Droite une place plus importante que les autres. Reste à savoir si les sympathisants UMP sont à l'image des militants. Le dernier épisode permettant une comparaison (présidence de l'UMP) laissait entrevoir que ce n'était pas forcément le cas.


Méthodologie : enquête réalisée en ligne du 22 au 24 juillet 2014. Echantillon de 1000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l'access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l'interviewé(e).

  • Publié le 28 juillet 2014

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