Podemos, Syriza et pourquoi pas en France, terre de la révolution ?

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La révolution française constitue aujourd'hui encore une référence fondamentale dans le monde entier. Cela tient au caractère universel des idéaux alors défendus. Comment se fait-il que la France, lieu où la révolution s'est historiquement incarnée, soit devenue un pays aussi fataliste, résigné donc conservateur ?

Pourquoi la révolution devient-elle d'actualité dans des pays comparables à la France mais pas en France ?

D'ailleurs qu'est ce que "faire la révolution" aujourd'hui ?

Historiquement, la révolution c'est l'affirmation de l'individu, de l'égalité des individus.

Sous cet angle, Podemos et Syriza sont révolutionnaires. Parce que ces deux mouvements incarnent le respect de l'individu face à un ordre extérieur qui gère la sortie de crise contre les nations concernées.

Sous cet angle, c'est le retour même aux fondements de l'idéal révolutionnaire. C'est au coeur même de l'héritage universel de 1789 qui repose sur la liberté individuelle et sur l'égalité des pouvoirs dont le pouvoir du peuple.

Mais en France, les amortisseurs sociaux amortissent aussi ... l'idéal révolutionnaire. Car ce n'est pas un hasard si la Grèce et l'Espagne passent désormais en première ligne de la révolte possible : la vie matérielle y est devenue très difficile.

Avant même d'être la défense d'idéaux, "l'idéal révolutionnaire" est d'abord une révolte contre une vie matériellement devenue impossible pour un très grand nombre. C'est le point de passage obligé que ce "réalisme quotidien".

En France, ce point de passage n'a pas encore été atteint pour un très grand nombre. Ce grand nombre qui peut être déclencheur c'est la classe moyenne moderne ! Le grand corps central qui aspire à la progression matérielle et à la reconnaissance sociale.

Si ce corps central est atteint dans ses deux socles, il deviendra "révolutionnaire". Ce n'est pas encore le cas. Le chemin est engagé mais c'est tôt. L'allergie fiscale peut être le détonateur. Parce que l'augmentation permanente des prélèvements érode le pouvoir d'achat donc tasse la vie matérielle.

Mais c'est aussi le cas de l'appel assez étonnant de Hollande à "l'audace". L'audace n'est pas la gestion de la crise donc l'acceptation d'un pragmatisme réducteur mais c'est le refus du système qui a créé la crise.

L'audace, c'est le rejet du système !

Le discours de François Hollande est à la fois intéressant et inquiétant pour lui.

Il est intéressant parce qu'en vantant l'audace il crée l'anti-chambre d'un vaste changement.

Il est inquiétant pour lui parce que ce thème ne correspond ni à sa politique ni à son pouvoir d'évocation.

La France est restée extérieure à de nombreux "printemps" ces dernières années. Restera-t-elle à l'écart de la lutte contre l'austérité ? C'est moins sûr surtout si cette lutte s'exprime dans des pays aussi proches que la Grèce et l'Espagne.

Surtout quand l'autorité morale de la classe politique a disparu.

Le choix même du thème d'audace est peut-être l'effet boomerang 2015 comme l'inversion de la courbe du chômage le fut par le passé. Car il ne faut pas sous-estimer la fierté française qui s'exprime par des coups de sang imprévisibles. Sous cet angle, vanter l'audace c'est une quasi-provocation.

  • Publié le 1 janvier 2015

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