Carly Fiorina ou les vrais défis de la société civile en politique

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La candidature de Carly Fiorina dans le cadre de la primaire républicaine sera intéressante au moins à un titre : identifier les vrais défis de la société civile pour effectuer une entrée réussie en politique.

Carly Fiorina

En France, le constat est simple. Les citoyens n'aiment pas les politiciens professionnels mais ils votent pour ... les politiciens professionnels. Il n'y a pas un exemple récent d'une réussite d'un chef d'entreprise en politique. la dernière remonte à ... Bernard Tapie. Mais les chocs du parcours méritent-ils d'être qualifiés de ... réussite en politique tant l'intéressé a été alors confronté à des épreuves très lourdes ?

Aux Etats-Unis, pourtant pays de "l'entreprise reine", il est pareillement difficile voire impossible de citer un exemple d'un chef d'entreprise ayant effectué une conversion réussie en politique à un poste de première importance. Ce volet de "première importance" s'entendant au-delà de la fonction de Sénateur.

Pourquoi ce constat ?

Parce que les démarches correspondent à deux univers très différents. Pour que la conversion réussie ait lieu (le passage de la société civile à la politique), il faut que le chef d'entreprise puisse faire référence à son expérience de chef d'entreprise mais en ayant muté dans le tempérament d'un politicien.

Or d'ordinaire, c'est cette mutation qui n'a pas lieu.

La campagne américaine de 2010 en Californie a été riche d'enseignements. Deux femmes candidates avec un parcours professionnel d'une réussite exemplaire : Meg Whitman et ... Carly Fiorina.



Elles sont entourées par les meilleurs professionnels de la communication. Elles n'ont pas de "problèmes financiers" pour faire une belle campagne. La vague politique est porteuse à cette époque pour leur sensibilité républicaine. Résultat : deux échecs !

Pourquoi ?

Parce que l'opinion publique a adopté certains codes de la politique et qu'elle n'est pas prête à les perdre dont la capacité à être flattée, écoutée.

C'est sur ce plan que les chefs d'entreprises perdent souvent leur performance politique : ils décident trop vite à la place des citoyens ou plutôt donnent aux citoyens l'image qu'ils vont décider pour eux.

La démocratie moderne est d'abord celle de la flatterie des citoyens.

Dès qu'un membre de la société civile l'oublie lors d'une immersion en politique, l'opinion trouve alors en lui un "folklore" mais il reste marginal.

Aux Etats-Unis, la dernière épopée présidentielle d'un chef d'entreprise fut celle de Ross Perot dans les années 90. Mais le score est resté faible.

En France, notamment pour des raisons de financement, la politique est très verrouillée. Il y a des exemples de "déclarations d'intentions" mais pas de passage à l'acte.

C'est tout le défi de Carly Fiorina : peut-elle devenir une vraie femme politique ? En 2010, lors de sa candidature aux sénatoriales en Californie, elle n'y était pas parvenue. Qu'en sera-t-il en 2016 ? A surveiller dans les prochaines semaines si elle a eu la volonté et la capacité à en accepter les codes ?

Denis Bonzy


  • Publié le 5 mai 2015

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