Bruno Le Maire et la vague du changement

  • Bruno Le Maire

Les prochaines présidentielles françaises vont s’inscrire dans un double débat : la reconstruction d’un « modèle français » et la portée du « changement ».

La société française est traversée par deux courants contraires.

D’un côté, elle aspire au changement pour diverses raisons. Mais, d’un autre côté, elle a une relation anxiogène avec ce thème de changement. Tant que ce réflexe demeurera aussi fort, il entraînera des replis sur soi destructeurs de toute réforme.

Dans de très nombreux pays, tout bouge tandis que la France semble immobile. Toujours immobile.

Pour changer cette situation, c’est d’abord une bataille de projets. Cette bataille va présenter de nouvelles caractéristiques tant sur la forme que sur le fond.

Sur la forme, tout d’abord, elle sera plus personnalisée que jamais. Le talent de leader du candidat s’avérera déterminant. Sur ce point, Bruno Le Maire a de nombreux atouts dont la jeunesse mais surtout l'avantage objectif de la première candidature face à d'autres candidats déjà engagés de longue date dans des échéances de ce type.

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Ensuite, la présidentielle 2017 sera plus émotionnelle que d’ordinaire. Cette évolution signifie quoi ? Les critères rationnels de différenciation perdent de l’influence. Des émotions subconscientes vont emporter la décision ; d’où le poids déterminant des images. Domaine que Bruno Le Maire sait particulièrement bien gérer.

Enfin, la troisième nouvelle caractéristique concerne le besoin de réconciliation entre les élus et les citoyens. Cette caractéristique entraînera l’émergence d’un nouveau code de comportements et d’expressions.

Sur le fond, cette élection doit apporter des réponses à deux questions majeures :

1) la modernité peut-elle être synonyme de progrès ?

2) La modernité n’est-elle pas synonyme de précarité généralisée ?

C'est donc l'enjeu de la définition d’un nouveau contenu à la notion même de modernité.

Depuis le début des années 90, on assiste à une relation très différente avec le thème de la modernité. Pendant des décennies, la modernité était la garantie d’évoluer vers le meilleur. Ce n’est désormais plus le cas. Bien davantage, c’est presque l’assurance d’évoluer vers le pire ; d’où l’émergence d’une forte résistance à la modernité.

La réforme suppose de réconcilier les Français avec la modernité.

Le levier de cette réconciliation réside dans la réaffirmation que la modernité n’est pas la précarité généralisée. L’opinion publique a aujourd’hui le sentiment que dans l’échelle des risques tous les « périls » ont gagné en gravité.

Dans le même temps, face à des risques plus graves, plus imprévisibles voire même plus inconnus, le filet social est de moins en moins solide.

C’est ce rapport entre l’aggravation des risques et la solitude individuelle qui crée des réflexes anxiogènes.

Le changement ne redeviendra acceptable que s’il signifie moins de risque individuel face à des règles sociales plus claires.

Si le changement s’identifie à cette évolution, il deviendra acceptable. S’il s’éloigne de ces repères, il sera trop craint pour être accepté.

La vague du changement est loin d'être assurément porteuse en France en 2017. Mais bien positionnée, cette vague pourrait réserver de nombreuses surprises car les Français évoluent par "coups de sang" brutaux et imprévisibles.


  • Publié le 26 mai 2015

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