Berlin il y a 52 ans : John Kennedy et le besoin de rhétorique

« Il y a 2 000 ans, la plus grande marque d’orgueil était de dire civis romanus sum (« je suis citoyen romain »). Aujourd'hui, dans le monde libre, la plus grande marque d’orgueil est de dire Ich bin ein Berliner. [...] Tous les hommes libres, où qu'ils vivent, sont des citoyens de Berlin. Par conséquent, en tant qu'homme libre, je suis fier de prononcer ces mots : Ich bin ein Berliner ! " : c'est le paragraphe clef du discours de John Kennedy ce 26 juin 1963.

Un discours qui fera date avec une audience planétaire.



Il en sera de même pour cet autre extrait :

« Il y a beaucoup de gens dans le monde qui ne comprennent pas ou qui prétendent ne pas comprendre quelle est la grande différence entre le monde libre et le monde communiste.
Qu'ils viennent à Berlin !

Il y en a qui disent qu'en Europe et ailleurs, nous pouvons travailler avec les communistes. Qu'ils viennent à Berlin ! Lass sie nach Berlin kommen! !

Notre liberté éprouve certes beaucoup de difficultés et notre démocratie n'est pas parfaite. Cependant, nous n'avons jamais eu besoin, nous, d'ériger un mur [...] pour empêcher notre peuple de s'enfuir. [...] Le mur fournit la démonstration éclatante de la faillite du système communiste. Cette faillite est visible aux yeux du monde entier. Nous n'éprouvons aucune satisfaction en voyant ce mur, car il constitue à nos yeux une offense non seulement à l'histoire mais encore une offense à l'humanité...".

Cette rhétorique fait la force des discours.

Ted Sorensen était la plume de John Kennedy. Il avait le talent nécessaire pour gagner en permanence en rédaction concise et surtout inclusive. D'ailleurs son ouvrage sur John Kennedy donne comme exemple la progression de sa rédaction sur le discours d'investiture avec la reprise de chaque phrase pour qu'elle soit courte et "emblématique".

Il en fut de même pour Ronald Reagan quelques années plus tard.

Puis il a fallu attendre Jon Favreau et Barack Obama pour retrouver, sur un style différent, cette rhétorique qui marque les foules.

A voir l'actuelle "tristesse" de la primaire américaine, la "bonne formule" ne parvient pas à remplacer la force de cette rhétorique. Le candidat 2016 qui y parviendra sortir du lot.

  • Publié le 26 juin 2015

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