La nouvelle économie ou la "fête durable" des valorisations

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Fitbit, Uber, Airbnb ... : il est souvent question d'une "fête" des valorisations avec ces valeurs de la nouvelle économie.

En réalité, la question de fond est la suivante : la nouvelle économie doit-elle se prêter aux critères anciens des valorisations de l'économie traditionnelle ?

La valorisation d'une société est d’abord un pari sur l’avenir.

Fitbit

Dès que l’avenir s’assombrit, la valorisation est par définition mise en difficulté. Sous cet angle comme dans la situation inverse, la valorisation répond certes à des critères techniques mais elle va bien au-delà.

Au cours de la dernière décennie, deux exemples ont été donnés : l'immobilier et l'Etat avec le FSI.

Le secteur de l’immobilier le montre en effet de façon caricaturale lors de la dernière crise économique.

La France n’a pas fait exception dans le concert international de retournement des marchés immobiliers (Etats-Unis, Irlande, Royaume Uni, Espagne). Elle n’a pas fait exception pendant la phase montante du cycle (+131% entre 1997 et 2006). Elle n’a pas fait exception dans la phase descendante alors que sur une longue période la croissance des prix de l’immobilier ne s’est jamais écartée durablement de l’inflation. Or, cet écart s’est fortement creusé au cours des dix dernières années, ce qui laisse d’amples marges pour un réajustement à la baisse des prix de l’immobilier.

Quand un à un les clignotants de l'économie sont passés au rouge, le marché immobilier, du neuf comme de l'ancien, a été entraîné. Non que la demande ait disparu : il manque toujours entre un demi-million et un million de logements en France.

Mais, sous l'effet combiné d'une poursuite du renchérissement du coût de l'accession - cette fois du fait de la hausse des taux d'intérêt et non plus des prix , et de la contraction du pouvoir d'achat en raison de la hausse de nombreux coûts - carburants, alimentation, éducation, le raidissement des banques est intervenu dans l'octroi des crédits immobiliers.

Du coup, le marché s’est contracté, les investisseurs désertent, les stocks de neuf, pour le moment encore sur plans augmentent, et les prix s'orientent à la baisse, la question étant désormais de savoir jusqu'où et pour combien de temps...

Ce n’est pas parce que les fondamentaux du marché sont bons, demande forte pour des raisons démographiques notamment, qu’une crise conjoncturelle n’a pas été possible début 2009. A cette époque, en janvier 2009, Guy Marty, Président de l’IEIF (Institut de l'épargne immobilière et foncière), dénonçait ainsi le pronostic répété depuis deux ans par la FNAIM (Fédération nationale de l’immobilier) : "un atterrissage en douceur ça n'existe pas, un marché ça monte ou ça descend ! ».

Selon lui, le retournement du marché se transmet plus brutalement sur le rythme des transactions que sur les prix, qui suivent à la baisse de manière amortie, et il voyait déjà que "c’est précisément ce à quoi nous sommes en train d’assister"...

Les fondamentaux n’avaient pas changé mais l’ambiance générale n’était plus la même. Il a fallu des efforts considérables dont la loi Scellier pour que la descente soit alors amortie. Le marché allait considérablement impacter les valorisations de toutes les sociétés de ce secteur.

Il en fut de même au cœur de la crise de 2008 avec la création du FSI dépendant de la Caisse des Dépôts et Consignations mais sur des modalités entièrement différentes.

Annoncé par les autorités publiques en novembre 2008, le FSI a été créé le 19 décembre 2008.

Société anonyme détenue à 51% par la Caisse des Dépôts et 49% par l’Etat français, le FSI intervient en fonds propres dans des entreprises françaises porteuses de projets créateurs de valeur et de compétitivité pour l’économie.

Le FSI prend des participations minoritaires et a vocation à intervenir seul ou en co-investissement.

Le FSI a pour objectif d’accompagner le développement des petites et moyennes entreprises de croissance pour lesquelles il participe au financement en fonds propres via le Programme France Investissement (valeur d’entreprise inférieure à 100 millions d’euros).

Il participe au financement des entreprises de taille moyenne (valeur d’entreprise comprise entre 100 millions et 2 milliards d’euros) qui disposent d’un potentiel de création de valeur, notamment parce qu’elles maîtrisent des technologies innovantes ou peuvent bâtir des positions de leader, pour lesquelles il joue un rôle de catalyseur de développement et d’innovation.

Les conditions d’interventions du FSI n’ont répondu à aucun des critères techniques de valorisation car l’Etat mettait à contribution « sa banque » pour sauver des pans entiers de l’économie Française ou du moins les protéger d’agressions éventuelles extérieures sur des bases de valorisation échappant aux fondamentaux lorsqu'il s'agissait de recapitaliser..

Ce fut d’ailleurs une époque de ... redécouverte de la Caisse des Dépôts.

Cet organisme est intervenu dans des secteurs clefs sur des critères qui ont échappé à toute considération classique en matière de valorisation.

Par conséquent, la crise des valorisations n'a pas attendu la "nouvelle économie" et sur des segments entiers traditionnels de l'économie.

C'est tantôt le marché qui se retourne alors même que les fondamentaux sont bons (Immobilier) tantôt c'est l'Etat qui, pour des considérations "stratégiques", donne l'exemple de l'émancipation des fondamentaux de valorisation pour des sociétés en crise ou du moins en difficulté.

La nouvelle économie entraîne des fondamentaux totalement différents de l'économie traditionnelle : marché planétaire immédiatement, gestion différente des stocks donc de risques, valorisation de l'immatériel dont les déclinaisons des fichiers...

La fête des valorisations n'est donc pas finie dans ce domaine car il s'agit d'une nouvelle ère de valorisations qui s'ouvre.

  • Publié le 19 juillet 2015

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