Patrick Labaune et le temps des facilitateurs

  • Patrick Labaune
  • Drôme

Le vrai choc de fond actuellement est entre les facilitateurs et les défenseurs dans la vie politique française. Les défenseurs ne cherchent pas à "marquer". Leur seule dialectique, c'est de défendre des lignes nationales persuadés que c'est la vague nationale qui crée le succès. Une façon assez étonnante de concevoir la durée. Si la droite gagne le pouvoir en 2017, c'est un recul probable de 8 points en moyenne à venir lors des élections locales de 2020 selon les statistiques habituelles constatées depuis 2002 tout particulièrement dans les milieux urbanisés.

Patrick Labaune 29 09 15

Car vouloir profiter de la vague qui porte c'est aussi s'exposer à se retirer avec la vague qui ne ... porte plus.

A l'opposé de cette large majorité d'actuels élus locaux, il y a les facilitateurs : les praticiens du terrain. Certes, une vision globale porte leur action. Mais cette action est surtout axée vers des solutions locales : un problème = une solution.

L'un des élus de cette génération des facilitateurs est Patrick Labaune dans la Drôme. Pas de polémique mais des actions ancrées dans le concret. Et en y ajoutant l'engagement personnel d'exemplarité. Un enseignant fait défaut dans un établissement alors qu'il demandait des postes, Patrick Labaune ne joue pas la défense c'est à dire la polémique protestataire. Il est facilitateur et tient personnellement le cours en étant l'enseignant. C'est positif, constructif, plus ancré dans l'attente des parents.

Et la liste pourrait être longue : personnes âgées dépendantes, culture, high tech ... : des solutions ancrées dans du quotidien.

Comment expliquer ces clivages ?

1) C'est affaire de tempéraments : les facilitateurs s'engagent d'abord dans le local.

2) C'est aussi affaire d'expériences : ils ont souvent connu les effets du "retrait de la vague". En 2011, Exprimeo avait consacré un reportage à Patrick Labaune et à Marlène Mourier annonçant déjà à cette époque leur parcours singulier après la défaite de 2008. Ce parcours a produit les effets alors annoncés :

Lettre 252 de Newday


3) C'est surtout une conception de la fonction même de l'élu : participer au tam tam médiatique national ou faire vivre un patriotisme local : le territoire où il fait encore bon vivre même en période de crises généralisées, surtout en période de crises généralisées.

Sous cet angle, la Drôme est en train de vivre une réelle "renaissance" : réconcilier qualité du cadre de vie et efficacité économique. A côté de rares très grandes métropoles régionales qui se mettent à l'heure européenne (Lyon, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg ...), l'avenir appartient à des territoires d'équilibre capables de concilier des qualités quasi-contraires. Des territoires qui vont ancrer des populations dynamiques mais aussi désireuses d'une qualité de vie au sein de localités où il fait bon vivre.



Sous tous ces angles, la politique dans la Drôme est particulièrement intéressante à observer. Il y a un laboratoire qui pourrait bien faire rapidement école dans de nombreuses autres géographies ayant à coeur de refuser à la fois la course à la dimension urbaine internationale mais aussi l'enclavement dans une logique de territoires qui seraient voués à se marginaliser.

C'est un sujet passionnant déjà connu dans les années 90 à l'époque des arbitrages sur le devenir notamment des stations d'été et d'hiver.

Pour l'hiver, le choc était essentiellement d'un côté entre les Alpes du Nord et d'un autre côté les Pyrénées avec les Hautes Alpes. A de rares exceptions, les Alpes du Nord ont choisi le modèle des "villes à la montagne" tandis que les Pyrénées ont choisi l'authenticité, la "frontière sauvage" selon la belle campagne de communication de Jacques Séguéla. La "frontière sauvage" a gagné quand la quasi-totalité des stations des Alpes du Nord doivent être régulièrement perfusées par des montants considérables de fonds publics.

Pour l'été, le même choc a consisté entre la Méditerranée et l'Ouest de France. Là encore, l'authenticité a gagné et largement.

Chaque territoire qui respecte son identité historique parvient à se respecter et à être performant. C'est cette construction que la Drôme est en train de vivre avec patience et cohérence comme 5 à 6 autres départements français. Les facilitateurs sont à l'oeuvre.

  • Publié le 27 juin 2016

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