Les changements institutionnels (Edito 88)

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La France est une démocratie et une république. Et pourtant, la vie politique Française est marquée par un style monarchique inconnu dans d'autres démocraties comparables à l'exemple des Etats-Unis. Lors de son installation, Nicolas Sarkozy a ouvert deux chantiers institutionnels importants : la modernisation de la République Française afin qu'elle perde ses usages monarchiques, la présidentialisation du régime.

Dans le cadre de la modernisation de la République Française, des modifications sont impossibles. Le Président et le Premier Ministre résideront toujours dans de magnifiques palais du XVIIIe siècle (Palais de l'Élysée surnommé le château pour le Président et hôtel Matignon pour le Premier Ministre) mais force est de constater que des modifications significatives sont déjà intervenues.

Le Président et son Premier Ministre ont modifié l'allure hautaine qui traditionnellement devait caractériser le Président élu supposé désormais être maintenu au-dessus du "commun des mortels". On imaginait peu un Président Français mouiller le maillot lors d'un jogging devant les caméras?

Toutes les images lors des premiers jours d'installation semblent vouloir tourner une page qui était celle de la "monarchie républicaine".

Il en est de même concernant la visite dans les locaux d'EADS. Cette visite est à l'opposé de la traditionnelle pratique du Gouvernement qui voulait que les décisions soient élaborées dans le secret des bureaux ministériels puis annoncées publiquement.

Il y a désormais une logique de reconnaissance du terrain comme des autres pouvoirs dont le pouvoir syndical qui est tout à fait neuve dans la vie publique française.

Le second changement majeur concerne le nouvel équilibre institutionnel qui a pris naissance. Cette évolution est d'autant plus importante qu'elle s'intègre dans un calendrier d'élections rapprochées au sein duquel la présidentielle écrase l'élection législative.

Dans ce contexte, ce qui est très intéressant dans la période actuelle, c'est que les Français ne partagent pas la méfiance à l'égard du pouvoir d'État mais, bien au contraire, semblent attendre une efficacité qui cohabite avec la notion d'unicité de pouvoir.

Cette notion fait que la vie publique est désormais entièrement organisée autour de l'élection présidentielle.

C'est d'ailleurs tout l'enjeu pour le parti socialiste qui n'a plus de présidentiable reconnu en son sein. Il connaît de ce fait un déficit d'évocation qui est très lourd à porter et qui constitue un terrible handicap.

Ces deux phénomènes traduisent une indiscutable américanisation de la vie politique française qui est désormais entrée dans la logique d'une démocratie d'opinion imposant ses priorités de façon permanente.

A maints égards, la première semaine de pouvoir de Nicolas Sarkozy marque indiscutablement l'émergence de fait d'une VIe République.

La présidentielle 2007 peut constituer un révélateur et un accélérateur d'une nouvelle démocratie Française.

Elle a apporté des changements considérables. La place des primaires, la ré-implication des citoyens, le renouveau de l'engagement militant ... constituent des évènements historiques d'importance.

Il est toujours trop simple d'opposer le "neuf" et "l'archaïque", mais force est de constater que cette élection a considérablement changé la donne.

Il appartient à chacun d'en tirer les leçons mais il importe d'admettre ce constat de mutations plus nombreuses et profondes que celles susceptibles d'être imaginées avant le lancement de cette campagne.

Au sommaire de la Lettre Exprimeo 88 :
- Fiche 87 : la communication du Président Sarkozy.
- Discours 171 : vers un juge qui gouverne ?.
- Discours 172 : la nouvelle séparation des pouvoirs.
- Carnet 87 : US : des primaires avec de nouvelles dynamiques.
- Presse : 5 faits majeurs de la semaine 20


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  • Publié le 22 mai 2007

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