Les Républicains face à des primaires entièrement différentes

Les primaires de la droite et du centre viennent de changer de dimension. La sécurité intérieure va occuper tout l'espace. Et au-delà de cet enjeu se profile, peut-être pour la première fois à ce point depuis 1965, un débat de fond sur l'identité française. Et ce débat s'ouvre sur une réelle radicalisation d'une très forte partie de l'électorat naturel des Républicains.

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Concrètement, cette demande va modifier l'offre. Si l'offre ne s'adapte pas à cette demande, c'est un risque considérable de rejeter une partie de l'électorat naturel des Républicains vers le Front National.

Pendant des années, les espaces publicitaires des périodes des fêtes de fin d‘année étaient animés par des trois petits lutins censés être des « voleurs de couleurs ». Un des plus grands publicitaires Français avait eu ce slogan créatif pour promouvoir un grand équipementier de la photographie.

Aujourd’hui, à entendre certains commentaires sur les relations entre les citoyens et leurs représentants nationaux pourtant élus, on pourrait désormais parler de « voleurs de pouvoir » tant le fossé paraît profond entre les élus et le peuple.

C'est le vrai sujet de la primaire des Républicains et probablement dans la foulée de la présidentielle 2017.

En réalité, au moment où il est désormais publiquement question de la coupure entre le « pays légal et le pays réel », que traduit ce climat ?

Il traduit un sentiment profond que chacun a sa vie et que cette vie n’est plus commune mais constituée d’une multitude d’îles où règnent de terribles solitudes sans fin prévisible.

Dans cette ambiance, les décideurs publics deviennent étrangers.

Bien davantage, chacun devient étranger à autrui, qu’il soit représentant élu ou pas puisqu’il n’y a plus d’espace commun mais un chapelet d’îles.

Et aujourd'hui, une étape supplémentaire a été franchie. Il ne s'agit plus de solitudes mais d'agressions !

Comment modifier cette situation qui est d’abord celle d’un éclatement sans précédent ?

Il faut montrer comment la société va redevenir vivable.

La crise actuelle fait imploser les repères Français traditionnels dont celui de l’Etat protecteur.

Si les citoyens sont capables de comprendre que certaines pages sont définitivement tournées, ils n’acceptent pas pour autant que les nouvelles pages prévisibles soient autant anxiogènes. La modernité n’a pas fait disparaître les peurs. Elle les met en évidence chaque jour.

Dans de telles conditions, les citoyens ne sont pas seulement sévères à l’encontre de l’absence de clairvoyance ou pire à l’encontre de l’absence de courage pour ne pas leur avoir expliqué à temps la réalité des situations incontournables ; ils aspirent à ce la société planétaire ne soit pas celle où ne règne plus aucune identité ni plus aucun projet de paix.

L’individu n’a jamais existé seulement en tant que tel. Il a toujours connu et eu besoin d’autres repères collectifs. Le premier message de la période présente réside d’abord dans cet appel à la reconstruction de repères collectifs partagés.

Si des repères positifs collectifs respectueux des valeurs fondamentales de notre société ne sont rapidement proposés, d’autres s’y substitueront : ethniques, religieux, sectaires, de pure proximité géographique à l'exemple récent de la Corse …

Cette implosion produira des effets désastreux.

Cet appel des citoyens doit être entendu. Il ne s’agit pas de sombrer dans un populisme de mauvais goût exacerbant les peurs mais au contraire écouter cette aspiration, entendre un besoin de proximité et de sécurité exprimés dans des circonstances très particulières par notre société qui a mal assimilé une évolution sans précédent.

Les élus ne doivent pas être des architectes du rêve. Ils ne doivent pas davantage devenir des architectes des décombres.

Cette attente là ne se construit pas au centre perçu comme lieu des compromis, des petits dénominateurs communs. Elle se construit dans la ré-affirmation de valeurs fortes. Sous cet angle là, il est certain qu'il y a une "trumpisation" du climat. L'enjeu c'est de répondre à cette "trumpisation" sans faire du Donald Trump avec son cortège d'exagérations, de provocations inutiles.

Le climat a changé. Les profils attendus ont changé en conséquence. C'est une réalité déjà perceptible. Elle le serait encore davantage si une nouvelle étape dramatique devait intervenir à très court terme.

La primaire des Républicains a changé de dimension et de contenu. C'est une réalité politique à considérer.

  • Publié le 2 août 2016

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