J - 74 : Arizona : John McCain face à Kelli Ward : la légende malmenée

  • John Mccain
  • Arizona
  • Kelli Ward

Mardi 30 août, le verdict de la primaire en Arizona opposant John McCain à Kelli Ward tombera.

Ce verdict sera impacté par deux critères :
1) John McCain âgé de 80 ans a-t-il mené le combat de trop par rapport à son âge ?
2) John McCain est-il devenu trop "modéré" pour la base républicaine ?

Kelli Ward

John McCain est une légende. Fils d’amiral, petit-fils d’amiral, en 1967, il est pilote d’un avion qui est abattu au-dessus d’Hanoï.

Il s’éjecte et se retrouve au sol dans un lac avec une jambe et deux bras cassés. Il est conduit à la prison de Hoa La. L’objectif des nord-vietnamiens est simple. Ils veulent obtenir du fils du Commandant en Chef des Forces du Pacifique qu’il signe son autocritique en se désignant « criminel de guerre ». Il refuse et endure 26 mois de confinement solitaire.



Plusieurs mois plus tard, il ne pèse que 45 kilos et les nord-vietnamiens lui proposent alors une libération anticipée. Il refuse et ne sera libéré qu’en 1973.

Il s'engage dans la vie politique. Et l'Arizona est "sa terre".

En 1999, bon nombre d’observateurs sont convaincus qu’avec un tel cursus, John McCain ne fera qu’une bouchée du « fiston du Président Bush » casé lui dans la garde nationale du Texas.

Mais si l’élection présidentielle américaine est faite d’histoires qui dénotent un destin, elle demeure d’abord une redoutable machine financière. Au moment où les finances de GW Bush étaient les plus faibles et celles de McCain les plus fortes, McCain n’a compté qu’un petit tiers des moyens financiers de GW Bush...

Si John McCain a le profil du héros, GW Bush a les moyens financiers historiquement les plus élevés de l’histoire d’un candidat à des primaires. Après quelques embellies électorales dans des Etats au nombre faible de délégués à l’exemple du New Hampshire où McCain devance GW Bush de 18 points, la force de l’argent emporte tout sur son passage. GW Bush est désigné par le Parti Républicain.

Pour John McCain, un nouveau combat débute, celui du rebelle voire Don Quichotte.

Ses combats sont alors nombreux même s’ils sont tous voués à l’échec :
- il veut revoir les conditions de financement des campagnes électorales pour établir un plafond,

- il entend modifier les conditions de fonctionnement des lobbyistes à Washington,

- il prend la défense des Indiens et refuse de partir en croisade contre les homosexuels ou contre l’avortement,


Bref pendant beaucoup d’années, il parle dans le désert. Il apparaît comme un insurgé sans argent qui s’attaque aux pouvoirs de Washington et aux méthodes de son parti. Bon nombre lui prédisent alors une marginalisation implacable.

Seulement voilà, à partir de 2005, l’ambiance électorale change. La popularité de GW Bush s’érode. Puis, depuis 2006, GW Bush bat les records d’impopularité. Au sein du parti républicain, l’odeur de la défaite cuisante se répand. Dans de telles circonstances, pour échapper à la tornade nationale, les candidats locaux rappellent celui qui est l’incarnation de l’anti-Bush : John McCain.

Il devient alors le candidat le plus sollicité. Son soutien équivaut à un label d’anti-bushisme indispensable pour échapper aux foudres de l’électorat qui n’accorde que moins de 30 % de soutien à l’exécutif présidentiel.

Le Sénateur de l’Arizona reprend alors les routes des Etats avec son « franc parler », ses convictions et il gagne la primaire de 2008.

Seulement en 2008, c'est l'éclosion de ... Barack Obama et McCain perd l'élection.

Depuis il apparaît comme un sage en retrait.

Pour mardi, les sondages sont contradictoires. Ils ont réservé tant de surprises ces dernières semaines qu'il est préférable d'attendre le 30 août pour vérifier si la lune de miel entre McCain et l'Arizona peut continuer.

  • Publié le 26 août 2016

Partagez cet article :

Exprimez votre avis :