Jean Daniel Lévy (Harris Interactive) et le point sur la rentrée politique 2016 : tous les chiffres

Délits d'Opinion : Comment le couple exécutif sort-il de la période estivale et aborde-t-il cette dernière rentrée avant la prochaine élection présidentielle ?

Jean-Daniel Lévy : Avec respectivement 19% (-1) et 23% (+1) de taux de confiance, aussi bien le Président de la République que le Premier ministre n'entament pas bien la dernière séquence du quinquennat.

Rede Nicolas Sarkozy

En outre, on peut constater que l'exécutif ne s'inscrit pas dans une dynamique d'opinion. Depuis novembre 2015, on mesure une baisse tendancielle de la confiance à leur égard. Il arrive que le jugement de l'opinion soit sévère mais soit le signe d'un clivage politique fort ; il n'en est rien ici. Pour être précis, il y a certes clivage mais également absence de soutien absolu de la part des sympathisants socialistes. Ces derniers ne sont que deux tiers à accorder leur confiance au Président (67%, on se rappellera qu'ils étaient 71% il y a deux ans), un peu plus d'un sur deux au Premier ministre (55%, contre 78% en août 2014).

On constate non seulement l'absence de soutien de leur famille politique de référence mais également l'absence de reconquête à Droite ou au Centre (4% et 15% des proches des Républicains font confiance respectivement à François Hollande et Manuel Valls) et, chez les proches du Front de Gauche (16% et 13%, contre près d'un tiers il y a de cela 2 ans).


2. Délits d'Opinion : De nombreuses personnalités politiques ont déclaré récemment leur intention d'être candidates aux primaires de leur famille politique et/ou à l'élection présidentielle : Nicolas Sarkozy, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Cécile Duflot. Comment leur cote de confiance évolue-t-elle dans l'opinion ?

Jean-Daniel Lévy : Regardons déjà les prétendants à Gauche : il y a un an, nous avions montré que les trois démissionnaires du Gouvernement n'avaient pas tiré de bénéfice d'opinion. La déclaration de candidature des deux socialistes se solde par une légère progression (1 point) et ne suscite pas d'évolution chez la candidate écologiste.

Ce qui va particulièrement intéresser les protagonistes ne sera pas l'opinion de l'ensemble des Français, mais déjà celle de leur famille politique, fut-elle élargie. Arnaud Montebourg progresse de 3 points à Gauche (38%), mais plus du fait des proches du Front de Gauche (50%, +4) que de ceux du PS (35%, stable). L'ancien Ministre de l'Éducation - quant à lui - gagne 9 points au Front de Gauche et en perd un au PS. Ce n'est donc pas dans leur famille politique de rattachement qu'ils tirent un bénéfice électoral. Du côté de Cécile Duflot on ne constate pas de très nettes évolutions.

Si l'on ne cherche pas à observer la situation uniquement mois par mois (les déclarations sont récentes, tout le monde n'en a pas, en ce mois d'août, nécessairement entendu parler), observons que, depuis son départ du Gouvernement, Arnaud Montebourg a perdu 1 point à Gauche, en a gagné 7 au Front de Gauche mais surtout perdu 5 points chez les proches du PS. De son côté Benoit Hamon en a perdu 7 à Gauche et a connu une inversion de ses soutiens : +13 au Front de Gauche, -14 au PS.

Cécile Duflot, quant à elle, a perdu 9 points de confiance à gauche (passant de 37 à 28%), conséquence surtout d'une désaffection des proches du PS (de 37 à 21% de confiance), et sans regain manifeste de soutien des proches d'EELV (49% en avril 2014, 46% aujourd'hui).

Autre candidature, plus anticipée des Français, celle de Nicolas Sarkozy. Déjà, elle se manifeste par un progrès de 3 points chez les Français (23%) et surtout chez les proches des Républicains (65%, +2), sans perdre au FN (32% stable). C'est surtout chez ces derniers que l'ancien Président a progressé. En décembre dernier la confiance des proches de l'extrême-droite ne s'élevait « qu'à » 24%.


3. Délits d'Opinion : Observe-t-on un essoufflement des candidats qui se sont déclarés plus tôt à Droite comme Alain Juppé ou François Fillon ?

Jean-Daniel Lévy : Si l'on regarde les trois autres principaux (du point de vue des intentions de vote) candidats, on ne constate pas d'essoufflement d'opinion. Alain Juppé (43%, +3 points), François Fillon 31% (+5) ou encre Bruno Le Maire (28%, stable) ne « marquent pas le pas » en ce mois d'août. A tout le moins Alain Juppé perd 5 points chez les Républicains (mais à 70% de confiance tout de même), et Bruno Le Maire 3 points (55%) alors que François Fillon - 63% - en gagne 5.

Donc pas de mouvements considérables de ce côté-là. On ne remarque pas d'effets qui ressembleraient à des vases communicants. Les progrès de Nicolas Sarkozy ne s'inscrivent pas au détriment de l'opinion portée à l'égard de ses compétiteurs. Reste que ce mois d'août peut être considéré comme s'inscrivant dans des stratégies de position. Et tout donne à voir que celui de septembre s'approchera d'un climat de mouvements et de conquêtes.

4. Délits d'Opinion : Et du côté d'Emmanuel Macron ?

Jean-Daniel Lévy : + 5 points pour le Ministre de l'Économie (à 40%). Déjà on peut remarquer qu'il ne pâtit pas des mauvais chiffres de l'économie. Et que les annonces de l'INSEE n'ont pas d'impact sur le jugement porté à son égard. Ce qui n'est pas le cas d'autres Ministres comme, par exemple, Michel Sapin ou Myriam El Khomri. Tout donne à voir que la confiance exprimée à l'égard d'Emmanuel Macron ne s'inscrit pas dans la suite logique du jugement sur l'efficacité de son action.

Reste que cette confiance est étale politiquement, 54% chez les proches des Républicains comme du PS, mais avec un net progrès (10 points) chez ces derniers. Rappelons, tout de même, que la confiance dans l'initiateur d'En Marche de la part des proches du PS s'élevait en avril dernier à 65% (soit 11 points de plus qu'aujourd'hui) alors qu'à droite le niveau était proche de celui observé aujourd'hui.

Méthodologie : enquête réalisée en ligne du 23 au 25 août 2016. Échantillon de 1000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l'access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l'interviewé(e).

  • Publié le 29 août 2016

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