John McCain : plus de 30 ans au Sénat ?

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Agé de 80 ans, John McCain tente une nouvelle élection pour rester au Sénat où il siège depuis 1986, 30 ans ! C'est l'élection la plus difficile dans l'Arizona pour McCain. Pour deux raisons principales. D'une part, il y a l'usure pour la première fois à ce point. D'autre part, les conflits internes au Parti Républicain dont les polémiques violentes entre McCain et Trump.

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Pour John McCain, la course à la présidentielle était naturelle. Avec Bob Dole, John McCain a toujours été l'une des figures emblématiques du parti Républicain. Son vrai rendez-vous était pour 2 000. Mais il est intervenu dans un contexte totalement différent en ... 2008.

En 1999, le Sénateur de l’Arizona, avec sa très élégante épouse Cindy, s’engage alors dans les primaires qui comptent un autre participant redoutable, GW Bush.

Mc Cain a des atouts importants. Fils d’amiral, petit-fils d’amiral, en 1967, il est pilote d’un avion qui est abattu au-dessus d’Hanoï.

Il s’éjecte et se retrouve au sol dans un lac avec une jambe et deux bras cassés. Il est conduit à la prison de Hoa La. L’objectif des nord-vietnamiens est simple. Ils veulent obtenir du fils du Commandant en Chef des Forces du Pacifique qu’il signe son autocritique en se désignant « criminel de guerre ». Il refuse et endure 26 mois de confinement solitaire.

Plusieurs mois plus tard, il ne pèse que 45 kilos et les nord-vietnamiens lui proposent alors une libération anticipée. Il refuse et ne sera libéré qu’en 1973.

En 1999, bon nombre d’observateurs sont convaincus qu’avec un tel cursus, John McCain ne fera qu’une bouchée du « fiston du Président Bush » casé lui dans la garde nationale du Texas.

Mais si l’élection présidentielle américaine est faite d’histoires qui dénotent un destin, elle demeure d’abord une redoutable machine financière. Au moment où les finances de GW Bush étaient les plus faibles et celles de McCain les plus fortes, McCain n’a compté qu’un petit tiers des moyens financiers de GW Bush...

Si John McCain a le profil du héros, GW Bush a les moyens financiers historiquement les plus élevés de l’histoire d’un candidat à des primaires à cette époque. Après quelques embellies électorales dans des Etats au nombre faible de délégués à l’exemple du New Hampshire où McCain devance GW Bush de 18 points, la force de l’argent emporte tout sur son passage. GW Bush est désigné par le Parti Républicain.

Pour John McCain, un nouveau combat débute, celui du rebelle voire du Don Quichotte.

Ses combats sont alors nombreux même s’ils sont tous voués à l’échec :

- il veut revoir les conditions de financement des campagnes électorales pour établir un plafond,

- il entend modifier les conditions de fonctionnement des lobbyistes à Washington,

- il prend la défense des Indiens et refuse de partir en croisade contre les homosexuels ou contre l’avortement,


Bref pendant beaucoup d’années, il parle dans le désert. Il apparaît comme un insurgé sans argent qui s’attaque aux pouvoirs de Washington et aux méthodes de son parti. Bon nombre lui prédisent alors une marginalisation implacable.

Seulement voilà, avec l'année 2005, l’ambiance électorale change. La popularité de GW Bush s’érode. Puis, GW Bush bat les records d’impopularité. Au sein du parti républicain, l’odeur de la défaite cuisante se répand. Dans de telles circonstances, pour échapper à la tornade nationale, les candidats locaux rappellent celui qui est l’incarnation de l’anti-Bush : John McCain.

Il devient le candidat le plus sollicité. Son soutien équivaut à un label d’anti-bushisme indispensable pour échapper aux foudres de l’électorat qui n’accorde que moins de 30 % de soutien à l’exécutif présidentiel.

Le Sénateur de l’Arizona reprend alors les routes des Etats avec son « franc parler », ses convictions, son mauvais caractère bon enfant et son aura de héros de guerre.

Son label équivaut désormais au « bon républicanisme ». Ses réseaux s’étoffent. Il gagne les primaires 2008 mais l'impopularité des Républicains emporte tout sur son passage. La crise financière de septembre 2 008 donne le coup de grâce.

John McCain est battu face à Obama. Il n'a jamais pu réellement défendre ses chances tant la remise en popularité du Parti républicain semblait alors hors de portée de n'importe quel candidat dont John McCain.

Un parcours remarquable, historique mais jamais à la Maison Blanche.



  • Publié le 8 novembre 2016

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