Barack Obama : quels successeurs ? Trudeau, Macron ...

Au moment de son départ, la question s'impose : Barack Obama peut-il compter sur des successeurs susceptibles de perpétuer un style et une politique dans les actuelles démocraties occidentales ?

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Pour répondre avec précision, il faut bien entendu préalablement identifier en quoi consiste le "style Obama".

Sur le plan des campagnes électorales, c'est l'acceptation des campagnes éclatées avec la force des nouvelles technologies. Ce fut d'ailleurs la principale novation de 2008. Une équipe centrale très légère qui ouvre des espaces aux actions déléguées sur le terrain. L’équipe d’état major localisée à Chicago a dissocié les tâches stratégiques gérées par elle et les tâches déléguées laissées aux équipes locales. Cette logique d’organisation a présenté de nombreux avantages dont la capacité pour l’équipe stratégique de ne pas être submergée dans la dernière ligne droite mais aussi l’émulation qui en résulte au niveau des terrains.
Sous cet angle, c’est en effet une nouvelle logique d’organisation de campagne. La campagne du Parti Libéral de Justin Trudeau en 2015 a été dans cet esprit. Actuellement la campagne d'Emmanuel Macron avec En Marche est dans la filiation directe de cette organisation de campagne. La filiation est encore plus étroite dans la mesure où, comme en 2008 quand Obama devait être en compétition avec l'appareil du Parti Démocrate alors mobilisé en faveur d'Hillary Clinton, Emmanuel Macron est en compétition en 2016 avec les appareils politiques classiques.

Mais le plus important est sur le fond. La campagne d’Obama, c’est d’abord la soif d’idéal.

Dans cette soif d’idéal, c’est aussi la rencontre entre le «je» et le «nous». Pour donner un sens à sa vie, il faut assurer la rencontre de soi et des autres. Ce parti pris d’idéal, c’est l’axe stratégique de la campagne de Barack Obama. Le choix fort a été ensuite, grâce à des outils, d’offrir de s’associer à cet idéal pour le transformer en idéal commun. Ces outils ont «vendu de la relation». Mais Barack Obama a d’abord «vendu de l’idéal» y compris par la force de son propre cursus personnel mais bien au-delà par le symbole de tous ses grands projets. Parce qu’on adhérait à la campagne de Barack Obama, on montrait que l’on partageait une vision et des engagements. Ce faisant, il a probablement annoncé le renversement d’une tendance qui condamnait l’idéalisme au profit du réalisme. Il a annoncé le «conscientious living», c'est-à-dire un style de vie mesuré qui est la recherche de sens. C’est la fin du consumérisme ostentatoire (style de vie «bling bling»). La campagne Obama a démarré comme créatrice de valeur. Par son succès, elle est devenue créatrice de mode. Parce que la vague de fond était celle-là, la crise d’octobre 2008 a amplifié la portée du phénomène Obama. La crise financière devenait la démonstration objective d’un radeau à la dérive.

La confrontation entre ce nouveau style (Obama) et l’incarnation de ceux qui avaient failli au point d’amener le bateau au point de couler (McCain) produisait des effets encore plus implacables. D’où la sévérité de la sanction qui montrait la volonté de tourner une page avec force et détermination.

L’ampleur du succès électoral de Barack Obama en 2008 a été dépendante de cette accélération conjoncturelle qui a d’ailleurs totalement écrasé les dernières semaines de la campagne alors même qu’elles étaient décisives dans des circonstances ordinaires.

Justin Trudeau a bénéficié de circonstances proches avec l'érosion en 2015 du Parti Conservateur. Emmanuel Macron en bénéficie actuellement en France face à des appareils politiques devenus répulsifs.

Ces deux leaders occidentaux ajoutent une "cool attitude" avec une place importante permanente à la simplicité et au rire qui ajoutent à la proximité d'un "charisme de charme". C'est du côté de ces deux leaders occidentaux que le "style Obama" est à retrouver dans les prochains mois.

  • Publié le 10 janvier 2017

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