Le nouveau Premier Ministre 02/02 (Edito 90)

  • Nicolas Sarkozy
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Cette nouvelle donne introduit une séparation officielle entre les deux fonctions du Premier Ministre qui était à la fois responsable politique mais aussi chef de l'administration. Il ne garde désormais que ce second volet.

Ce qui est une lecture qui correspond à une partie de la lettre de la Constitution de 1958.

En effet, le Premier Ministre est investi du pouvoir général de veiller à ce que l'administration assure l'exécution des lois (article 21). Il signe les décrets d'application préparés par les administrations.

L'article 37 lui confère le pouvoir réglementaire autonome.

Enfin, notamment par le corps interministériel des administrateurs civils qui relève du Premier Ministre, il est le point de passage obligé de bon nombre de secteurs ministériels.

La rupture de l'égalité dans l'entente a toujours été la condition du fonctionnement efficace de cette dualité de l'exécutif.

Ce qui est propre à la Constitution de 1958, c'est que, selon les évènements, c'est le Chef de l'Etat ou le Chef du Gouvernement qui s'est mis en avant. Cette souplesse est l'une des forces de la Constitution de 1958.

Par conséquent, même avec le nouvel équilibre politique, l'affirmation du rôle du Premier Ministre n'est pas du tout impossible.

Un nouvel équilibre est né. Il est marqué par la prééminence manifeste du Président de la République.

Cette prééminence connaît des limites :

- la popularité présidentielle donc une partie de la légitimité d'opinion peut s'estomper avec les années,

- le Premier Ministre peut affirmer son identité complémentaire.

L'unité d'action suppose l'atténuation du dualisme.

Par conséquent, l'actuelle subordination du Premier Ministre est un schéma qui a le mérite de la clarté et de l'efficacité pratique.

A la question : "qui gouverne ?", la réponse est pour l'instant claire. C'est le Président de la République.

Faut-il en déduire qu'il a tous les pouvoirs ?

En réalité, le centralisme Français de l'Etat est un contrepouvoir à lui tout seul.

La politique n'est pas seulement l'art de prendre la parole. C'est aussi et surtout l'art de passer une politique dans les faits.

Les strates administratives constituent un terrible rempart. Les manifestations ont du poids mais le travail des bureaux n'est pas dépourvu d'influence, loin s'en faut.

En réalité, c'est peut-être là le vrai nouveau défi du Premier Ministre : veiller à ce que l'administration ait désormais et enfin un vrai chef, qu'elle soit réactive, dirigée.

Dans la revendication de rupture manifestée en mai 2007, c'est aussi la rupture avec une certaine conception de la politique réduite au "ministère de la parole".

Les citoyens attendent du concret rapide.

Pour donner du concret rapide, il faut une administration efficace parce que l'administration demeure le bras de l'action.

Sous cet angle, c'est un formidable chantier qui est ouvert à l'action du Premier Ministre.

C'est une perversion de l'idéal démocratique d'accepter que les décisions du peuple puissent rester sans effet compte tenu des résistances bureaucratiques.

Une nouvelle attitude est donc nécessaire.

Chef de l'administration, si le nouveau Premier Ministre parvenait à mener à bien cette réforme, ce serait une réelle rupture qui marquerait une avancée importante de la démocratie Française.

Au sommaire de la Lettre Exprimeo 90 :
- Fiche 88 : les moyens de communication à la mode.
- Discours 175 : la majorité parlementaire.
- Discours 176 : le nouveau Gouvernement.
- Carnet 88 : Etats-Unis : les difficultés de McCain.
- Presse : 5 faits majeurs de la semaine 22


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  • Publié le 5 juin 2007

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