Eau : la FP2E hausse le ton

La Fédération des Entreprises de l'Eau vient de publier un communiqué qui mérite une attention particulière pour au moins 3 raisons importantes. Tout d'abord, avec les actuelles orientations du XI programme des Agences de l'Eau, c'est un pilier important des actions concrètes qui est remis en question dans des conditions financières inédites.

Plaisir de découvrir un chevreuil venu boire au ruisseau.

Ensuite, il y a manifestement une offensive médiatique de la part de tenants d'une approche dogmatique selon laquelle le prix bas de l'eau deviendrait le marqueur d'une bonne gestion de l'eau. C'est une approche d'ailleurs appliquée à aucun autre secteur économique pour lequel des observateurs oseraient défendre que le prix bas d'un produit deviendrait le marqueur de la ... qualité du produit. Enfin, parce que ces tournants débutent au moment même où, avec le dérèglement climatique, l'eau, richesse naturelle fragile, mériterait davantage de moyens financiers et surtout un large consensus sur les priorités concrètes à mettre en oeuvre.

Dans ce contexte, la FP2E hausse le ton dans des conditions inédites. Le communiqué est le suivant :

Communiqué de presse de la FP2E :

A la suite d’allégations mensongères sur les services publics d’eau faites par des experts auto-proclamés, la FP2E souhaite rappeler que les véritables enjeux auxquels l’ensemble des acteurs de ces services doit répondre, ignorés par ces commentateurs, sont ceux de la qualité de l’eau et de la sécurité sanitaire des consommateurs.

Si l’eau potable est globalement de très bonne qualité en France, certains endroits de notre territoire affichent encore des taux de conformité perfectibles. En effet, l’eau distribuée est en permanence conforme pour plus de 97% des consommateurs, mais 3% d’entre eux reçoivent parfois une eau non conforme, principalement dans les zones rurales et de montagne. A l’heure où des disparités entre les zones urbaines et rurales marquent une fracture territoriale et alors que le défi du traitement des micropolluants se confirme, la remise en cause de normes sanitaires majeures apparaît sans fondement et extravagante.

A titre d’exemple, les doutes émis quant à la pertinence de la teneur en plomb dans l’eau préconisée par l’OMS et sur laquelle l’Europe a légiféré il y a 20 ans, ne peuvent que surprendre. A fortiori, quand ils émanent de personnes dépourvues de compétences médicales, et au moment même où les institutions européennes envisagent d’abaisser ces seuils normatifs. Plus précisément, la contestation de la suppression des branchements en plomb engagée à partir des années 2000 surprend, alors même que la Commission européenne prévoit de protéger encore davantage les consommateurs en faisant passer le taux maximal de plomb dans l’eau potable de 10 mg/L à 0,5 mg/L.

Les besoins de financements pour rénover le patrimoine de l’eau sont importants

De même, la fédération est interpellée par certains discours qui revendiquent une drastique réduction des prix comme objectif primordial dans la gestion des services d’eau au moment même où le Gouvernement souhaite relancer les investissements dans les infrastructures pour relever les défis sanitaires et environnementaux.
Par ailleurs, la récente mise en demeure de la France par la Commission européenne pour mettre en conformité plus de 370 agglomérations en matière d’assainissement pointe des défis économiques tout aussi évidents dans ce domaine.

Le prix doit refléter une gestion responsable des services

De fait, l’ensemble des acteurs et observateurs habilités (Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable [CGEDD], Agence Française pour la Biodiversité, agences de l’eau notamment) préconise, pour chaque service, un prix reflétant une gestion patrimoniale responsable afin de préserver les générations futures des risques de dégradation de la qualité de l’eau, de détérioration de la performance globale des services d’eau, et d’augmentation soudaine des prix pour y remédier.

Par application du principe selon lequel « l’eau paie l’eau », le financement de ces indispensables investissements, qui doit reposer sur les recettes des services perçues via les factures d’eau, rend incompréhensible et irresponsable l’objectif de diviser les prix par 2 ou 3 !
En outre, l’affirmation d’un prix de référence du mètre cube d’eau, qui aurait été fixé par des « experts », tantôt à hauteur de 3€/m3 d’eau, tantôt à 1,50 €/m3, apparaît saugrenue. En effet, au-delà du fait que les déclarations qui sous-tendent ces chiffrages ne soient pas sérieusement étayées, aucune estimation de ce type n’a eu valeur de référence, historiquement ou récemment, dans les rapports de l’administration de tutelle du secteur ni dans les débats publics associant les acteurs. Aucun prix standardisé ne peut constituer un objectif pour les 30 000 services qui fixent localement leurs prix en cohérence avec la particularité de chaque contexte.

Une gestion responsable pour maîtriser les prix et préserver le pouvoir d’achat

« Loin de ces faux débats qui nuisent à la bonne information des consommateurs, une priorité est, pour l’ensemble des acteurs, d’ouvrir leur réflexion aux solutions à mettre en oeuvre pour une gestion responsable du patrimoine des services, et la maîtrise des prix pour la préservation du pouvoir d’achat des consommateurs », affirme Tristan MATHIEU, Délégué général de la FP2E.

Une Fédération professionnelle qui effectue très régulièrement des propositions précises constructives dans le domaine de l'eau où la France a si longtemps incarné sur le plan international un pôle d'excellence unanimement reconnu...

  • Publié le 23 février 2018

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