Sondage Harris Interactive : la crise profonde d'identité du Parti Socialiste

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Harris Interactive vient de réaliser un sondage sur l'image du PS. Suite à la séquence politique de 2017, l’image du Parti socialiste apparaît écornée. Seuls 20% des Français affirment en avoir une bonne image.

François Hollande

Dans un contexte de défiance vis-à-vis du politique, notons que le jugement émis à l’endroit du PS apparaît plus sévère encore que celui exprimé à propos de la plupart des autres formations testées, même si aucune ne bénéficie d’une image positive pour une majorité de Français. Si les sympathisants socialistes se montrent plus cléments, près d’un quart affirme aujourd’hui avoir une mauvaise image de la formation politique dont, pourtant, ils se sentent proches. En spontané, ces sympathisants associent leur parti à « l’égalité » et au « social » ainsi que, désormais, également à la notion de « reconstruction ».

Dans ce contexte, quels leviers pour le parti encore domicilié rue de Solférino ?

Les Français, ainsi qu’une part non négligeable de sympathisants socialistes, partagent leurs doutes quant à la ligne suivie par le Parti socialiste, les valeurs qui l’anime ainsi que son efficacité pour, à l’avenir, mener des réformes. Notons que la confiance exprimée par les Français vis-à-vis de la capacité du PS à faire de bonnes propositions reste très limitée, toujours inférieure au tiers des Français quel que soit le domaine d’intervention. Assez logiquement, cette confiance s’avère plus importante auprès des sympathisants socialistes, notamment en ce qui concerne les sujets sociétaux (égalité femmes/hommes 77%, culture 76%, éducation/école 72%, laïcité 72%, etc.).

Néanmoins, ce niveau de confiance s’effrite nettement à propos des sujets macroéconomiques, qu’il s'agisse de la fiscalité (57%), de la croissance (56%), du chômage (55%) ou plus encore des déficits publics et de la dette (51%). Notons également qu’une confiance limitée est exprimée par ces proches du PS en leur parti à propos des propositions portant sur l’immigration.

En dépit de ces nettes critiques, les Français font montre d’une certaine forme de clémence à l’égard du PS : seulement un tiers d’entre eux souhaite que le Parti socialiste joue un moindre rôle politique dans les années à venir, contre 42% espérant qu’il occupe un rôle équivalent à l’actuel et 21% un rôle majeur. Néanmoins, ces regards ne sont pas assortis d’un grand optimisme : 41% des Français estiment que le rôle qu’occupera le PS sera équivalent à l’actuel et 43% qu’il sera moindre. Notons que ce pessimisme, certes dans une moindre mesure, est également partagé par les Français se disant proches de ce parti, dont près d’un quart imaginent à l’avenir un Parti socialiste moins important encore qu’aujourd’hui.

Le futur du Parti socialiste passe-t-il alors par des alliances politiques ? Les sympathisants socialistes, premiers concernés, l’en croient capable (63%) et le souhaitent (79%). Mais quid de l’allié ? 25% souhaitent une alliance « à gauche », avec La France Insoumise alors que 18% se prononcent en faveur d’un attelage PS-LREM. Au-delà de ces deux possibilités, le rapprochement avec Europe Ecologie Les Verts (43%) et plus encore avec Génération.s (le mouvement de Benoît Hamon (48%)) s’avèrent les plus soutenus par les proches de la formation de Solférino.

Au-delà des questions d’alliances, quelle incarnation pour le Parti socialiste ? Notons ici que les Français se disant proches du PS ne sont pas à confondre avec les militants, ayant eux franchi le pas de l’adhésion au mouvement. Ce sont eux, et eux seuls, qui sont appelés à choisir le prochain premier secrétaire du PS. Néanmoins, rien n’empêche de sonder le regard que porte le cercle élargi des sympathisants sur les candidats en lice. Il en ressort un intime lien entre notoriété et préférences. Tout d’abord, plus d’1 sympathisant sur 2 affirment ne pas suffisamment bien identifier les candidats pour prendre position.

Parmi ceux qui se sentent la légitimité de le faire, l’ancien ministre Stéphane Le Foll, bénéficiant d’une bien meilleure notoriété, apparaît comme le candidat qui ferait le meilleur premier secrétaire. Au-delà de la notoriété de l’ancien membre du gouvernement, notons que son positionnement politique pouvant être perçu comme en partie dans la continuité de l’action menée par François Hollande peut plaire à certains sympathisants socialistes. Ces derniers sont en effet plutôt cléments, sans être unanimes, vis-à-vis de l’action du prédécesseur d’Emmanuel Macron, 68% affirmant que le bilan de son action à l’Elysée est positif (un jugement diamétralement opposé à celui exprimé par l’ensemble des Français : 75% estiment que ce bilan est mauvais). Notons néanmoins que près d’1 sympathisant socialiste sur 2 déplorent le manque de clarté du parti, qui n’a pas su, selon eux, faire le bilan du quinquennat de François Hollande.

Enquête réalisée en ligne les 5 et 6 mars 2018, soit avant le débat télévisé entre les 4 candidats au poste de premier secrétaire du Parti socialiste. Échantillon de 1598 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).

  • Publié le 6 mars 2018

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