Avec Cambridge Analytica, Facebook ouvre un sujet de fond

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Dans la campagne Trump 2016, il y a trois facettes. La partie visible : la scène : Donald Trump qui fait son numéro classique de disruption. Puis il y a les opérations qui donnent lieu à l'enquête actuelle de Robert Mueller. Et il va y avoir désormais la bataille sur les bases de données. Facebook vient d'ouvrir ce dossier de fond avec Cambridge Analytica.

Alexander Karp

Au moment même où des médias se moquaient souvent de Donald Trump "faisant le clown" sur des estrades, il y avait des vrais professionnels qui utilisaient les ressources nouvelles considérables des réseaux sociaux pour cibler les électorats clefs. Sous cet angle, c'est "l'oeuvre" de Cambridge Analytica et Palantir Technologies (Président Alexander Karp : photo ci-dessus).

Les faits récents : Facebook a annoncé avoir «suspendu» Cambridge Analytica, une entreprise d'analyses de données qui avait travaillé pour la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016, et accusée d'avoir recueilli sans leur consentement les informations personnelles de millions d'usagers du réseau social. D'après une enquête réalisée par le New York Times, The Observer, The Guardian, Cambridge Analytica aurait récupéré les données de 50 millions d'utilisateurs et s'en serait servi pour élaborer un logiciel permettant de prédire et d'influencer le vote des électeurs. Facebook a également suspendu les accès de la maison mère de la société, Strategic Communication Laboratories (SCL), ainsi que ceux d'Aleksandr Kogan, psychologue à l'université de Cambridge, et Christopher Wylie, dirigeant de la société Eunoia Technologies et ancien employé de Cambridge Analytica.

Avec ce rebondissement, c'est tout l'enjeu de fond de l'utilisation des informations personnelles déposées sur les réseaux sociaux. Dès le déroulement de la campagne de Donald Trump, Exprimeo a évoqué l'originalité probable de ce volet. Puis progressivement, ce volet a été confirmé, consacré.

Quel est l'enjeu ? C'est la faculté d'aller du très grand au tout petit. Le très grand c'est le volume des informations à traiter. Le tout petit c'est la capacité à segmenter ces informations pour cibler les bons récepteurs pour leur parler des informations qui peuvent les intéresser ou les effrayer. Car il y a bien les deux volets : susciter un vote positif ou un vote de répulsion.

Ces dernières années, deux phénomènes nouveaux sont intervenus : 1) le nombre des actifs sur les réseaux sociaux a explosé. Donc les informations à traiter sont considérables au niveau des titulaires. 2) Au moment où les actifs explosent, les informations données par ces actifs explosent de façon encore plus considérable. L'enjeu technique n'est donc plus de chercher à collecter des informations mais de traiter les informations disponibles données par les titulaires eux-mêmes qui s'exposent dans les moindres détails de leurs vies privées, leurs centres d'intérêts, leurs pétitions ...

Hier, les informations manquaient. Aujourd'hui, elles sont trop nombreuses.

La véritable novation de la campagne de Trump a été sur ce volet. Or ce volet technique est reproductible. Ce qui n'est pas le cas des financements potentiels via la Russie ou le fait de camper le personnage de Donald Trump à la tribune. Par conséquent, Facebook ouvre un réel sujet de fond capable de concerner de très nombreuses autres campagnes électorales. Un sujet à suivre de façon très attentive les prochains mois.

  • Publié le 18 mars 2018

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