Le Tea Party ou le feu dans les prairies Républicaines

  • John Thune
  • Tea Party
  • Kristi Noem
  • Ronald Reagan
  • South Dakota

En 2010 au début du Tea Party, ce devait être un "feu de paille". C'est devenu le feu aux prairies. Une évolution imprévisible à ce point qui gagne du terrain élection par élection.

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Une nouvelle révolution conservatrice Américaine est-elle en marche ? C’est la question qui se posait lors des résultats du 2 novembre 2010. La dernière révolte populiste Américaine datait du début des années 80 avec la victoire de Ronald Reagan.

A cette date, une révolution intellectuelle se produit et installe de nouveaux schémas inconcevables quelques années plus tôt. 1980 : la victoire des «bons citoyens contre la méchante élite»

A cette époque, une élite intellectuelle est perçue comme excessivement éloignée des concepts fondateurs de la démocratie Américaine. En quelques années, un instinct de liberté est favorisé, basé sur une nouvelle alliance : l’initiative économique et la démocratie politique. Le socialisme renvoie alors à une nostalgie d’un passé autoritaire et inefficace. Le capitalisme devient la démocratie, la prospérité, la modernité. Ce populisme déclare retourner aux principes fondateurs de la démocratie Américaine : - l’Etat doit être limité, - la vie de l’économie doit être libérée, - le système moral doit être solide et indépendant (Eglises, Universités, médias …). Cette approche a donné naissance à une révolution conservatrice qui a changé la donne pendant de nombreuses années. Le «new look conservateur» avait emporté sur son chemin le radical chic de la côte Est.

La gauche Américaine était alors en état de faillite. Tous ses principes étaient l’objet de critiques vives : - l’Etat interventionniste devenait le symbole de la dépense inefficace, - la régulation était perçue comme un frein à l’emploi, - la libération des moeurs était ressentie comme une ouverture à la débauche individuelle et au naufrage collectif, … La gauche Américaine était épuisée. Etre de «gauche» ou radical, c’était être déconsidéré, démodé.

Avec le Tea Party en 2010, c'est une logique différente. la première étape fut le retour aux racines. La «roots campaign» : la campagne des racines. Plus un candidat est terroir, plus il donne l’assurance d’être éloigné de Washington, plus son avenir s’ouvre ...

Mais les références de Reagan en 1980 n’occupent plus du tout la même place en 2008. Bien davantage, la crise financière d’octobre 2008 a dévalorisé le capitalisme perçu désormais comme une autre forme d’adversaire. Ce n’est plus la course au capitalisme mais au peuple Pour toutes ces raisons, la nouvelle fronde 2010 est bien éloignée de celle du début des années 80. La nouvelle révolte populiste réside d’abord dans la reconnaissance de la «génération du moi» qui veut une vie quotidienne meilleure. C'est dans la conceptualisation de cette nouvelle révolte intervient le Mouvement Tea Party. Le Tea Party c'est le concept des "héros du quotidien".



Survivre, c'est aujourd'hui un acte d'héroïsme face à tous les dangers dont une classe politique devenue symbole de l'inefficacité, voire de la corruption des pouvoirs. Ce terrain très radicalisé a germé puis essaimé dans les rangs du Parti républicain. Il reste des "modérés" fidèles au libéralisme classique. Mais la vague nouvelle rejette tout ce qui est lointain associé aux "méga pouvoirs". Si dans un Etat ces deux facettes peuvent cohabiter, l'issue peut rester positive. Par exemple le Dakota du Sud avec la modération de John Thune mais une forme de radicalité de Kristi Noem. Mais dès que ces deux approches ne se comprennent plus, le divorce est sanglant. C'est ce type de divorces qui essaime actuellement. Le Tea Party a mis le feu aux prairies républicaines de l'Amérique profonde.

  • Publié le 13 avril 2018

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