Beto O'Rourke et l'Amérique d'aujourd'hui

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En 1831, contre l’opinion dominante de son temps, Tocqueville est allé voir «à quoi ressemble une grande République avant qu’elle n’arrive chez nous». Aujourd’hui, avec le même sentiment, Tocqueville n’aurait pas à lutter contre «l’opinion dominante» tant cette dernière admet que l’Amérique devance ce qui attend le reste du monde. Les élections intermédiaires 2018 mettent en relief une autre Amérique.

Beto O'Rourke et Joe Kennedy III

Il est donc nécessaire de chercher à comprendre des tendances lourdes parce qu’aujourd’hui, volontairement ou pas, nous sommes tous des Américains. L’américain est le nouveau latin de l’ère moderne. C’est la culture qui fait notre quotidien qu’on le veuille ou pas. Cette réalité concerne bien entendu également le marketing politique mais bien au-delà.

Dans ce domaine, trois différences majeures existent entre l’Amérique et la France.

Aux Etats-Unis, l’idéologie a peu de place. La politique est d’abord des réponses pratiques à des questions pratiques. La part majeure d’idéologie apparaît davantage chez les conservateurs qui veulent défendre le «rêve américain».

Seconde différence, parce que l’idéologie a peu de place, le débat tourne autour des valeurs de vie et le premier réflexe consiste à examiner si le candidat qui les proclame les a respectées. D’où la place importante qui est accordée à la personnalisation des campagnes. Le citoyen cherche à décrypter le tempérament.

Troisième différence, la politique Française tourne autour de la gestion apaisée des problèmes. La politique américaine tourne autour de la réintroduction permanente de l’optimisme. En France, le discours consiste à expliquer comment on va retarder l’apocalypse. Aux Etats-Unis, il s’agit de recommencer le monde.

La campagne 2018 c'est la poussée à l'excès de ces trois constantes.

Chaque élection est marquée par une logique de rupture.

En 1976, Jimmy Carter promettait la fin d’une présidence machiavélique.

En 1980, Reagan marquait le retour d’un pays qui entendait être internationalement respecté.

En 1992, la victoire de Clinton était celle de la proximité et du retour aux priorités intérieures.

En 2000, le succès de Bush était le triomphe d’une Amérique morale.

2008, le succès de Barack Obama est le retour à l’Amérique des rêves où tout serait possible avec une vocation internationale à réconcilier le monde.

2016 avec Donald Trump c'est le coup de pied donné aux fesses de la classe politique. 2018 c'est plus que jamais la défiance face aux politiques et le choix de la proximité. Beto O'Rourke capable de battre Ted Cruz dans l'Etat du Texas en sera probablement le symbole fédéral en novembre 2018. C'est l'Amérique d'aujourd'hui.

  • Publié le 24 avril 2018

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