Nikki Haley face à la vraie originalité du "style Trump"

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La démission de Nikki Haley met en relief un volet manifestement inédit à ce point dans la gouvernance de Donald Trump : l'absence de repère lié à des sources intellectuelles structurées dans les priorités de gouvernance.

The Future of the U.S. in the Human Rights Council

Contrairement à de nombreux commentaires superficiels, et même pour la période de Ronald Reagan, l'exercice du pouvoir présidentiel américain répond à des sources intellectuelles très structurées. Pour les relations internationales, la Hoover Institution a toujours fortement inspiré les présidences conservatrices. L'Heritage Foundation de même. A l'opposé la Carnegie Endowment ou la Kennedy School of Government inspirent les Démocrates.

Dès l'engagement dans une présidentielle, des universitaires ou spécialistes de ces "écoles de pensées" sont rapidement exposés comme le pouvoir d'expertise qui rassure. Des spécialistes qui vont contribuer à la définition de la politique dans une cohérence certaine.

Un présidentiable est même traditionnellement jugé sur sa capacité à attirer les meilleurs dans son équipe.

Le style Trump est en totale rupture avec cette logique. Le seul repère c'est le pragmatisme absolu. Qu'est ce qui fait qu'à un moment donné une décision peut être bonne pour les Etats-Unis ? A cette question, Donald Trump apporte deux réponses : les finances ou les emplois et tout de suite.

Tout le discours de Donald Trump est inspiré par cette logique : une décision va rapporter aux Etats-Unis ? Et elle va créer tout de suite combien d'emplois ? Le reste passe au second rang. Faut-il y voir le refus d'un moyen terme ? Non. L'équipe de Trump pense que si l'Amérique est financièrement puissante, elle aura réponse à tout le moment venu. Et si elle bat des records de plein emploi, les Républicains gagneront les élections. La grille de pensée et d'évaluation est d'une extrême simplicité. C'est d'ailleurs la même logique qui guide les intéressés dans leurs analyses sur le réchauffement climatique. Ils se désintéressent des perspectives à 50 ans parce qu'ils ont une telle confiance dans la toute puissance américaine qu'ils sont convaincus que les Etats-Unis trouveront les solutions aux problèmes à mesure que les problèmes se poseront.

C'est un pouvoir qui échappe à des sources intellectuelles d'analyses. Et le reconnaitre n'est pas perçu comme une critique. Pour les premiers intéressés, c'est même une qualité revendiquée. Ce qui explique des décisions brutales changeantes. Ce qui explique la difficulté pour une personne comme Nikki Haley à tenir une fonction dans une instance internationale où par définition il y a un besoin de dialectique durable. C'est un départ deux ans après sa nomination à quelques semaines près qui est celui d'une personnalité talentueuse accédant aux responsabilités lors des élections intermédiaires 2010 en South Carolina. Proche de Sarah Palin, elle a été l'une des leaders du Tea Party. Elle annonce vouloir effectuer un break. Ce départ est-il de nature à fragiliser Donald Trump ? Non. Son électorat s'est fait à l'idée que "l'ONU ne sert à rien" et que cette institution coûte trop cher aux Américains. Le départ de Nikki Haley sera donc rapidement banalisé.

  • Publié le 9 octobre 2018

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