Joe Biden face à une donne politique inattendue
Les élections du mid term marquent toujours un tournant important. Elles sont un double défi qui conditionne directement le lancement de la campagne électorale pour le prochain scrutin présidentiel. Et là, la rampe de lancement n'est pas en faveur du camp démocrate manifestement.
Le 1er défi est pour le pouvoir en place. Donald Trump a montré qu'il possède un appareil électoral en parfait état de marche. Qu'il a le punch nécessaire et que sa base répond.
Pour les Démocrates, il n'y a eu aucune campagne fédérale. C'était le sauve qui peut sur le terrain. Bien davantage, aucune organisation nouvelle ponctuelle ne s'est imposée sauf celle de Tom Steyer qui s'est constitué un fichier de qualité qui va compter. Mais les opérations ponctuelles de mobilisations ont été un bide manifeste (When we all vote).
C'est un contexte inattendu qui ouvre le chemin sur 2020. Les Démocrates ne peuvent plus s’en tenir à ce qu’ils ont fait depuis 2000. Ce comportement serait probablement pour eux le plus sûr chemin d’évolution vers un parti minoritaire. Il lui faut créer de nouveaux points de contacts avec l’opinion publique américaine. Et pour l'instant, ils n'ont pas trouvé ces "ponts".
Ensuite, le parti démocrate n’a pas trouvé de leader capable de porter un nouveau message national empreint de progressisme mais aussi répondant à des évolutions profondes du corps électoral qui sur plusieurs dossiers est très majoritairement radicalisé bien au-delà du corps classique de doctrine du parti démocrate.
S’il veut gagner, le parti démocrate doit être capable de « retrouver la confiance de l’américain moyen », celui qui n’est ni pauvre, ni noir, ni syndiqué. Il doit également se demander comment détacher du parti républicain des chrétiens fondamentalistes qui ont le sentiment de constituer une « majorité morale » incontournable.
La base géographique traditionnelle du parti démocrate stagne alors que les secteurs les plus exposés aux idées républicaines ont beaucoup progressé.
Ce constat doit conduire le parti démocrate a bâtir une nouvelle base de doctrine qui ne soit plus seulement un terrain d’ententes entre des coalitions électorales.
Là est le vrai enjeu des prochaines élections du mid term. Chaque élection américaine reflète le culte du neuf. L’électorat exprime son souhait de repartir sur des bases nouvelles et recommencer le monde. Or, à ce jour, le parti Démocrate n'a pas profité des élections de novembre 2018 pour faire vivre une envie de neuf dans les idées sauf pour les idées plus radicales. Par conséquent où peut être la rupture attendue ?
Chaque élection présidentielle est marquée par cette logique de rupture :
en 1976, Carter promet la fin d’une présidence machiavélique,
en 1980, Reagan marque le retour d’un pays qui entend être internationalement respecté,
en 1992, la victoire de Clinton est celle de la proximité et du retour aux priorités intérieures,
en 2000, le succès de Bush est le triomphe d’une Amérique morale,
en 2008, Obama c'est la rupture du rêve du tpout est possible pour chacun après la présdience d'un héritier,
en 2016, c'est la rupture totale avec le système politique dans son ensemble,
….
L’enjeu majeur réside dans l’identification du contenu de ce désir de changement. La rupture serait quoi en 2020 à partir du moment où il n'ya plus d'espace pour un référendum anti-Trump ? C'est le défi de Joe Biden. Et pour le moment, rien n'a avancé sur ce chemin.
Un ancien candidat à l’élection présidentielle américaine a dressé le portrait du « bon candidat » à une présidentielle américaine dans ces termes :
« pour devenir Président des USA, il faut le vouloir plus que tout au monde. Il faut avoir la foi d'un martyr, la détermination d ‘un coureur de marathon, la résistance d’un boxeur, la précision d’un chirurgien et la force de caractère d’un commando de guérilla ». Ce sont des qualités qui vont être plus nécessaires que jamais face à Trump sur le chemin de 2020.