Le tournant des Européennes : la course aux coupables ...

  • élections Européennes

Dans l'actuelle ambiance, les européennes de mai 2019 s’annoncent comme l’élection de tous les dangers. Le besoin de revanche de l’opinion s’affirme et d’une revanche rapide, spectaculaire et sans faiblesse. Il lui faut des coupables.

Emmanuel Macron

Avec la culture du bouc-émissaire qui caractérise la France, l’opinion a souvent davantage épargné que sanctionné avec facilité car s’est on jamais demandé si un bouc émissaire était ... innocent? Il incarne le mal, parce qu’il porte les péchés du monde. Le bouc émissaire est toujours coupable pour qui l’a désigné.

Il dispense chacun de l’éthique du doute, fondement même de la raison, et de celle du courage, qui n’est rien d’autre que le choix de la vérité plutôt que celui de l’approbation. C’est le prix à payer pour qu’il remplisse son rôle expiatoire.

Au demeurant, il y a dans cela comme une cohérence. Par un mécanisme psychologique dangereux parce qu’inavoué, on passe alors de l’objectivement possible au subjectivement certain.

Un soupçon fondé sur des témoignages fragiles devient rumeur, puis conviction du public. C’est dans la droite ligne du Moyen-âge, où l’on soumettait l’inculpé au jugement de Dieu. Celui qui succombait était coupable parce que la société toute entière ne doutait pas que Dieu venait au secours de l’innocent.

Dans ces conditions, le réel importe peu. C’est ce que le groupe social pense et croit qui compte.

C’est ce dernier volet qui est le volet le plus dangereux de ce processus. Le corps social va sanctionner et non pas construire. Il a besoin de revanche donc de coupables. Et actuellement le "bouc-émissaire" c'est ... tous les politiques.

2019 sera une élection de crise. Le pays ne sera pas sorti de la crise mais ancré dans la crise depuis plus de 8 mois avec une fièvre collective énorme. L’opinion se sent ignorée par les élites, démunie. La victoire appartiendra au moins coupable que les autres. Cette ambiance annonce une campagne très agressive et une issue particulièrement incertaine sauf pour les partis dits de gouvernement qui vont affronter une sacrée tempête.

  • Publié le 19 novembre 2018

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