Le Tea Party est-il possible en France : les fâchés mais pas fachos

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Depuis 2010, de très nombreux observateurs français ont refusé de regarder avec lucidité le phénomène du Tea Party aux Etats-Unis. Et pourtant en 6 ans (2010 - 2016), ce courant a entièrement modifié les règles de la politique américaine et ses valeurs ont été le creuset d'une victoire à une présidentielle. Pas moins !

Kristi Noem 26 04 18

Fondamentalement, le Tea Party c'est quoi ? C'est l'inversion des relations de Pouvoir dans les démocraties occidentales : le peuple reprend le pouvoir face aux corps intermédiaires. Pourquoi ? Aux Etats-Unis en 2010 parce que la secousse de la crise de 2008 a été terrible et que les citoyens ont alors une volonté de revanche sur une "élite" qui a été incapable de prévoir la crise, incapable de gérer une sortie de crise mais surtout peu concernée par les impacts brutaux de la crise.

Bien entendu, des extrémistes ont pu s'intégrer dans ce mouvement. Mais comme dans tous les autres mouvements. Ni plus ni moins. Et seconde étape, c'est l'inversion des repères avec le concept des héros du quotidien. Pour le Tea Party, le vrai héros de la société moderne, c'est le citoyen ordinaire qui fait vivre sa famille dans un océan de tempêtes diverses : chômage, fiscalité, bureaucratie qui réglemente en permanence sur tout ...

Même dans l'apparence, il faut "tomber" l'uniforme du politique pour garder l'apparence du "citoyen ordinaire".

Pourquoi la France serait-elle restée à l'écart de cette tendance ? Elle ne pouvait rester à l'écart qu'à la condition que son élite politico-médiatico-économique donne des résultats tournant la page de la crise. Dans ce cadre, le besoin de revanche s'éloignait. Mais faute de résultats, le besoin de revanche s'installerait. Dès 2010, Exprimeo a évoqué cette certitude. La seule interrogation était le calendrier. Il pouvait être plus lointain qu'aux Etats-Unis parce que les "édredons sociaux" français avaient fonctionné face à la crise en 2008 à la différence des Etats-Unis et de leur brutalité terrible.

Mais la France n'est pas sortie de la crise. Bien au contraire, la crise a tout gagné. Elle parait même la voisine obligée de chaque moment. Et la sortie de crise est toujours repoussée. Dans le même temps, "l'élite" ne change pas ses règles : depuis ses avantages matériels jusqu'aux images données y compris avec les accidents de moralité.

Dans ce contexte, il reste à savoir si ce mouvement va aller jusqu'au dégagisme vécu aux Etats-Unis. Des têtes emblématiques sont tombées comme Eric Cantor qui fut l'un des premiers à chuter devant un candidat venu de nulle part et élu parce qu'il venait de ... nulle part et surtout pas d'un cursus politique.

Si la similitude va jusqu'à ce niveau, cela augure d'un dégagisme considérable. Comme aux Etats-Unis où le Tea Party a été à l'origine d'un dégagisme historique. Le vrai test en France sera les élections municipales dans près d'un an.



  • Publié le 20 novembre 2018

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