Grenoble : à quand un débat réel sérieux de fond sur son statut actuel ?

Dans la compétition des territoires, Grenoble vit un moment charnière. L’ex Capitale des Alpes ne se remet toujours pas de sa candidature dramatique pour les JO 2018 : 3ème ville dans le classement sur … 4 ! A l’époque, les élus socialistes ont refusé de regarder avec lucidité les raisons techniques de ce classement catastrophique pour une ex ville olympique.

Agglomération Grenobloise

Pourtant, dans le rapport du Comité Olympique Français tous les facteurs techniques du déclassement de Grenoble étaient mentionnés avec précision : de l’asphyxie des voies de communication aux capacités hôtelières insuffisantes en passant par le partenariat délaissé avec les stations de proximité … : le tableau était d’un terrible contenu.

Sur ces « bases », loin de corriger le tir, la municipalité Destot a choisi de se réfugier derrière une approche partisane criant au « règlement de comptes politiques ». Et en 2014, déjà associés aux municipalités PS de 1995 à 2008, les écologistes ont gagné Grenoble. Au départ, l’offre était celle d’un « écolo-techno ». Elle s’est avérée être celle d’un « écolo ultra gauche » amplifiant les décisions d’hier qui avaient déjà marginalisé Grenoble dans la dure compétition des territoires.

C’est le moment choisi par l’ancien Maire de Grenoble, Alain Carignon, pour que son équipe lance dans le débat 80 propositions très détaillées. L’un des axes forts est justement le retour de Grenoble dans la compétition des territoires. Ces propositions traduisent un travail de fond. Elles ont le mérite d'exister et peut-être de permettre de structurer un débat sur un enjeu majeur : dans l'actuelle compétition des territoires, quel est le réel statut de Grenoble ?

La place de Grenoble dans la compétition des territoires a été fragilisée par 4 facteurs :

1) Elle a abandonné tout lien privilégié avec Lyon qui structure désormais son positionnement de métropole internationale avec St Etienne et le Nord Isère (Vienne),

2) Elle a abandonné, dans le même temps, le projet de Sillon Alpin qui ouvrait un partenariat avec les 2 Savoies. A noter qu’Annecy a conduit ces dernières années un vaste programme de regroupements de Communes et qu’il est question actuellement d’une fusion des deux départements (Savoie et Haute Savoie),

3) Au sein de la Métropole, Grenoble est en crise avec sa périphérie. Une crise ouverte très sérieuse qui lors des municipales 2020 va occuper les priorités locales tant le divorce est profond lié notamment à une conception d’urbanisation densifiée de dévelopant en "tâche d'huile" dans l'ensemble de l'agglomération,

4) Elle n’a mené aucun projet international significatif se contentant de la simple maintenance des vieux accords de coopérations intercommunales. Un domaine abandonné par les « années Destot » alors qu’Alain Carignon en avait fait une priorité notamment avec l’AIVA dont on peut constater plus de 20 ans plus tard les bons choix de villes partenaires comme : Raleigh, Perth, Montréal, Princeton … : des villes désormais référentes de la modernité internationale.

Sur le site de cette équipe de la société civile (pour prendre connaissance des propositions, cliquer sur le lien suivant : 80 propositions ), il est question notamment des actions suivantes destinées à pacifier les relations avec le périurbain :

- 44) Une fois les Grenoblois mieux réconciliés entre eux en acceptant la diversité naturelle qui est une richesse, le même effort de réconciliation doit être effectué à destination des Communes de la Métropole et au-delà.

- 45) De même, au sein de l’agglomération grenobloise, le respect des bassins de vie suppose une approche territoriale entièrement nouvelle de l’intercommunalité qui doit être orientée sur une réelle logique multipolaire des territoires de l’agglomération grenobloise.

- 46) Le respect des territoires passe par une organisation entièrement différente de l’exécutif de la Métropole à partir de Vice-Présidents responsables de comités territoriaux.

Il faut en effet que Grenoble se réconcilie avec sa géographie de proximité avant de partir à l’assaut de territoires plus lointains. Un défi qui sera instructif dans les prochaines semaines en fonction de l’accueil donné à ces propositions. Il est temps que le débat s'engage sur le fond et non plus sur des polémiques diverses liées aux auteurs de propositions ou à tel ou tel volet ponctuel de nature à cacher l'ensemble des enjeux collectifs.

  • Publié le 28 janvier 2019

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