PLUi de l'agglomération grenobloise : le Cercle du Sud Grenoblois dresse un réquisitoire implacable

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Le vent de la révolte soufflait manifestement dans le Sud de l'agglomération grenobloise. La crise vient de loin. Les élus sortants de la Métro ont en effet manifesté une logique entièrement dominée par l'étalement urbain densifié, logique qui se heurte aux identités historiques de nombreuses Communes. Avec l'enquête publique sur le PLUi (Plan Local d'Urbanisme Intercommunal), le Cercle du Sud Grenobloise formalise son opposition et son réquisitoire détaillé est implacable.

Claude Soulier Aline Kozma

Ce Collectif co-présidé par Mme Aline Kozma et par M. Claude Soullier dresse un réquisitoire implacable contre le projet de PLUi :

"Pourquoi nous sommes placés dans l’obligation d’exprimer notre opposition à l’actuel projet de PLUi ?

Dans 280 jours, nos Communes éliront leurs nouvelles assemblées municipales. Le moment incontournable pour répondre à une question de fond : une Commune, c’est quoi ?

Une Commune doit être le territoire privilégié de la magie de la vie. La vie a besoin de repères : nos parents, des amis qui ancrent une confiance, des évènements personnels qui forgent une identité et une Commune qui … devient une associée d’avenirs.

Intentionnellement, il doit s’agir d’avenirs au pluriel pour ouvrir la gamme de choix la plus large possible.

Une Commune qui est une associée d’avenirs, c’est celle où l’on aimerait vivre ses 20 ans pour débuter sa vie active quand tout paraît encore possible et surtout pour avoir le sentiment que le chemin peut être engagé vers le meilleur.

Ce préalable, éloigné de considérations techniques purement urbanistiques, vise à rappeler le sens d’un document comme le PLUi (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal) qui est un moyen et non pas une fin en soi.

Un moyen pour donner un sens au développement harmonieux de nos Communes.

Or, avec l’actuel projet de PLUi, des Communes du Sud de l’agglomération grenobloise s’éloignent manifestement de cette belle vocation.

Pourquoi ?

Essentiellement, pour 5 raisons de fond :

1) Le PLUi inverse l’ordre des préoccupations. Pour bien accueillir de nouveaux habitants, des Communes doivent d’abord avoir les équipements collectifs nécessaires. A l’opposé de cette considération de bon sens, aujourd’hui, c’est la course à la construction densifiée qui écrase toutes ces considérations pratiques de bon sens : des niveaux de voiries ou de réseaux en passant par les équipements de services publics de proximité. Se soumettre à cette logique de la seule course à la construction, c’est donc cautionner dès aujourd’hui les crises incontournables de demain. Cette logique ne peut pas être acceptée. Nous refusons d’être les co-auteurs d’un engrenage qui, s’il devait être concrétisé, entraînerait demain une course permanente à la mise à niveau des équipements après les constructions.


2) Un territoire agréable à vivre, c’est un territoire fait de diversité. La Métropole ne peut pas être l’outil d’une uniformisation territoriale qui est à l’opposé de cette diversité où villes et campagnes, grandes, moyennes et petites villes comme bourgs et villages doivent vivre en bonne harmonie. Des évolutions sont nécessaires. Elles doivent être conduites avec modération, par étapes dans la durée et avec l’assentiment des habitants. Toute autre démarche accordant une place trop forte à la brutalité des décisions annonce, elle aussi, des crises très graves.


3) L’intercommunalité ne peut pas se vivre positivement dans une logique hiérarchique qui maltraite les équilibres entre les territoires. L’intercommunalité sérieuse n’est pas une pyramide de rapports de forces entre des Communes qui seraient classées en fonction de leurs démographies respectives. Si cette mentalité d’impérialisme territorial portée par quelques élus devait s’installer, elle abîmerait l’intercommunalité locale au point d’en compromettre probablement à moyen terme le principe même. A l’opposé de cette mentalité violente qui a déjà gagné trop de place dans les dernières semaines avant l’adoption du projet de PLUi, nous sommes pour une intercommunalité douce, conciliante, tolérante, respectueuse de l’identité historique des bassins de vie dans l’agglomération grenobloise.


4) Il est à noter que le PLUI qui devrait être le document de travail de base guidant ensuite les autres documents dont le PLH et le PADD intervient en bout de course. Cette situation nuit gravement à la bonne cohérence de nombreuses propositions. Ainsi, pour certaines OAP, la bonne desserte n’est même pas inscrite dans le PADD. D’autres incohérences se manifestent dans de nombreux territoires y compris dans la modification de zones pourtant dites intangibles à l’exemple particulièrement symbolique de la zone des eaux de Rochefort. De façon surprenante, il en est de même sur d’autres zones à l’exemple notamment de l’OAP La Garoudière (Jarrie) qui impacte la périphérie du Château de Bon Repos, classé historique.


5) Nous dénonçons les conditions pratiques de déroulement de plusieurs enquêtes publiques liées à l’actuel projet de PLUi. D’abord, nous constatons parfois un dispositif d’anticipation juridique qui est particulièrement malsain puisqu’il porte en lui-même la non-considération de la procédure même du PLUi définitif comme si le document officiel final pouvait être déjà connu ou … totalement ignoré. Ce qui est la négation même de l’étape de l’enquête publique. Ensuite, nous observons la livraison de documents technocratiques qui cultivent à l’excès des mots abscons coupant les documents de toute lecture non technicienne. C’est un parti pris de l’opacité qui est extrêmement grave car il porte en lui une arrogance politico-technicienne qui est la traduction du mépris des citoyens. Enfin, ponctuellement, nous constatons des conditions de déroulement de l’actuelle enquête publique avec des réactions de commissaires-enquêteurs qui constituent une atteinte grave à l’image d’impartialité face à des remarques effectuées. Pour que l’impartialité indispensable existe, il faut non seulement qu’elle soit une règle déontologique fondamentale au sein même du code personnel d’éthique de chaque commissaire-enquêteur mais il faut également que le comportement individuel de chaque commissaire-enquêteur soit la traduction perceptible par chacun de cette éthique. Or manifestement, au regard de témoignages sérieux de personnes de bonne foi, ce n’est pas le cas malheureusement à ce jour.

Un document technocratique aussi éloigné des considérations de bon sens pourtant largement partagées par celles et ceux qui vivent le terrain relève davantage d’une police de la pensée que d’une approche pragmatique. Un dogmatisme violent qui soulève les très nombreuses actuelles réprobations....".

Un dossier manifestement voué à occuper une place décisive lors des municipales de mars 2020.
Le Cercle du Sud Grenoblois présente par ailleurs une proposition sur laquelle nous reviendrons prochainement.

  • Publié le 23 mai 2019

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