Joe Biden et la bataille des bases de données

  • Barack Obama
  • Joe Biden

Si Joe Biden peut accéder et utiliser la banque de données constituée par les équipes de Barack Obama, ses chances dans la primaire seront surmultipliées. Parce que, dans les coulisses, la bataille des bases de données est souvent décisive.

Barack Obama 2008

A la base, il faut accepter que l’opinion soit faite d’une foule d’opinons : comme l’opinion est de plus en plus éclatée, il faut communiquer la bonne information à la bonne cible. La bataille logistique réside d’abord dans ce ciblage.

Le premier exemple d’efficacité a été donné par la campagne d’Arnold Schwarzenegger en Californie courant 2006.

A partir des habitudes d’achats, l’équipe du Gouverneur Schwarzenegger a établi une grille de lecture politique.

Par exemple, un conducteur de camionnette possédant un permis de chasse et abonné à un magazine «chasse-pêche» est un conservateur potentiel alors que celui qui est un abonné du «New Yorker» faisant ses courses dans un magasin de produits naturels est supposé voter démocrate.

Cette logique est la première opération croisant deux données :
- une base brute de données privées à caractère commercial,
- le profilage politique en raison des caractéristiques de consommation.

Cette approche est le fruit d’un long travail conduit par une équipe importante sous la direction de Steve Schmidt, directeur de campagne, et Josh Ginsberg, directeur politique.

Aux Etats-Unis, l’acquisition de ces données est parfaitement légale.

Ces données sont d’autant plus nombreuses que presque chaque segment de marché fiche ses clients : commerces de détail, compagnies aériennes, sociétés de crédit, magazines…

C’est la première fois qu’un maillage aussi étroit serait intervenu pour une campagne politique.

Mais c’était aussi la première fois qu’une telle action individualisée pouvait intervenir. Chaque message s’adressait à la bonne cible pour lui parler de ses priorités quotidiennes.

Avec de tels moyens, un micro-ciblage sans précédent peut être opéré.

L’équipe Obama a eu recours à des méthodes analogues.

Elle a fait appel à la base de données Catalist. Plus de 30 millions de dollars ont été investis. Cette base a été complétée par les «données militantes».

Ce fut la base de données la plus importante. Il est possible de considérer que 220 millions d’Américains était répertoriés avec des dizaines d’informations par personne.

A partir de ces données, les unités locales pouvaient travailler dans du «sur-mesure».

Par exemple, des volontaires se présentaient à un local de campagne.

Dans un sachet plastique, chaque volontaire trouvait un téléphone portable, une liste de cibles et un message à exposer. Les uns s’adressaient ainsi aux jeunes de moins de 25 ans, d’autres aux seniors, puis un autre groupe aux militants démocrates …

Cette "logistique" a été reconnue comme constitutive de la différence avec Mitt Romney en 2012. En 2016, avec l'aide de Palantir selon des modalités qui restent encore à éclaircir de façon précise, ce même dispositif a été un atout considérable pour Donald Trump. Si Barack Obama et ses équipes se lancent discrètement dans la campagne en mobilisant leurs moyens récents, c'est un atout probablement décisif pour Joe Biden.


  • Publié le 26 mai 2019

Partagez cet article :

Exprimez votre avis :