Fusion Renault – Fiat Chrysler Automotive : chapeau les artistes Italiens !

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La course à la taille par l’adjonction de volumes issus de marques et d’outils industriels divers et variés est vouée à l’échec. Seule la croissance des volumes par prise de parts de marché est vertueuse.

Chrysler (Fiat)

Le marché automobile est extrêmement compétitif. Les leaders de demain ne seront pas ceux qui auront atteint la taille la plus importante par l’addition de volumes issus de marques et d’outils industriels divers et variés. Ils seront ceux qui feront les bons choix technologiques (voiture autonome, électrique/hydrogène, …) au moment opportun, qui développeront une ou deux marques fortes et qui pratiqueront l’excellence, la cohérence et la rationalisation industrielle. Ces derniers seront récompensés par une croissance de leur part de marché alors que les premiers seront empêtrés dans la gestion d’une foultitude de marques chacune mal positionnée sur son marché et dans un mécano industriel où il faudra trop souvent ménager des intérêts contradictoires.

BMW est actuellement valorisée 42 Md€ pour 2,5 millions de véhicules vendus alors que FCA est valorisée 19 Md€ pour 4,7 millions de véhicules. BMW est donc valorisée 4x plus par véhicule vendu que FCA. Ceci n’est pas une anomalie des marchés boursiers. La marque, l’excellence et surtout la cohérence industrielle de BMW sont ainsi bien valorisées alors que FCA et en particulier FIAT dispose d’un outil industriel vétuste et d’une marque sans valeur qui de surcroit a pris un retard considérable dans la voiture électrique.

Ainsi le nombre de véhicules vendus et le ratio valorisation boursière par nombre des véhicules vendus des champions cohérents sont :

Toyota 10,8 M véhicules => 16.8 K€/véhicule
Daimler 2.6 M véhicules => 19.2 K€/véhicule
BMW 2,5 M véhicules => 16.8 K€/véhicule

… alors que pour les autres :

Ford 6.4 M véhicules => 5.4 K€/véhicule
FCA 4.7 M véhicules => 4.1 K€/véhicule


Les fusions entre égaux n’existent pas

Clamée haut et fort à chaque grosse fusion : Lafarge / Holcim, Essilor Luxottica, Alcatel / Lucent, … la fusion entre égaux n’existe tout simplement pas. Le point d’équilibre d’une balance est par nature instable.

De plus, les belles déclarations d’intention proclamées avec ferveur auprès de Bercy de ne pas fermer les usines en France sont scrupuleusement respectées pendant les noces de Coton, Cuir ou Froment pour être ensuite immanquablement ignorées quelques années plus tard : PECHINEY, ARCELOR, ALSTOM/GE, … les contre-exemples n’existent pas.

Plusieurs usines de FIAT en Italie ne sont tout simplement pas compétitives. Les garder c’est se tirer une balle dans le pied industriellement. Il n’est pas exclu qu’après 1, 2 ou 3 ans le nouveau mastodonte RENAULT+FCA, présidée par son actionnaire de référence, la famille Agnelli, décide de fermer des usines en France pour nourrir celles en sous capacité en Italie.

Un prix ridicule … un cadeau à 11 Md€ aux actionnaires de FCA

RENAULT est actuellement valorisée à 17.0 Md€ dont 12 Md€ que représente la participation de 43.4% dans NISSAN. Ainsi mécaniquement, la valorisation de RENAULT hors cette participation est actuellement de 5 Md€ alors que si l’on applique une capitalisation de 4.1 K€ / véhicule vendu (le bas de la fourchette) au 3.9 M de véhicules vendus par RENAULT on arrive à une valorisation hors participation de NISSAN de 16 Md€.

Les actionnaires de FCA, au premier rang desquels la famille Agnelli, feraient l’affaire du siècle en achetant RENAULT pour 17.0 Md€ car ce prix est quasiment égal à la valeur de RENAULT sans la participation dans NISSAN alors que dans l’opération envisagée, cette participation est incluse.

En clair, si RENAULT est vendue pour 17 Md€, FCA pourra in fine ne débourser que 1.3 Md€ pour acheter RENAULT car FCA peut vendre la participation dans NISSAN pour 12 Md € (tout en gardant une coopération industrielle s’il le souhaite) et se faire payer les 3.7 Md € de trésorerie de RENAULT.

Cette fusion entre égaux est un leurre qui vise à enrichir la famille Agnelli qui est à la manoeuvre et qui profite de la confusion actuelle la plus totale (Nissan, Ghosn, Bercy) pour faire main basse sur une société mieux positionnée qu’elle (sur le plan électrique et de la qualité).

Chapeau les artistes italiens !

  • Publié le 4 juin 2019

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