Joe Kennedy III et la démocratie du clic

  • Joe Kennedy Iii
  • Boston
  • Ed Markey

Le clic, c’est aujourd’hui le comportement le plus partagé. Le plus quotidien. Une seconde nature comme marcher ou manger. On clique pour changer de chaînes de TV. On clique pour passer sa commande via Internet. On clique pour manifester son soutien à un billet sur Facebook, à une idée sur Twitter, à une photo sur Instagram … Une journée est faite de clics permanents. Pourquoi la démocratie y échapperait-elle ?

Joe Kennedy III 21 06 18

Qu’est ce qui se cache derrière le clic appliqué à la démocratie ?
La capacité à zapper rapidement. Trump est le 1er leader d’une démocratie occidentale à assumer aussi ouvertement sa volonté à zapper dans sa politique de communication. Il ne gère pas les critiques ou les polémiques. Il les zappe en faisant naître un autre sujet d’attention.

Chaque semaine vit ainsi au rythme de deux ou trois polémiques fortes. Elles deviennent aussi nombreuses qu’elles se … neutralisent. Le RussiaGate et la “mission Mueller” vivent comme le livre aux confessions contestées puis une déclaration sur des pays africains … : plus rien n’a de relief dans cet univers de polémiques permanentes.

Le citoyen ne cherche plus ce qui raisonne mais ce qui résonne. La raison a quitté le débat public. Raisonner, c’est prendre le temps de connaître des faits, de chercher à les mettre en cohérence pour les comprendre et enfin, à l’issue de ce cheminement, se faire une opinion. Trop long. Trop compliqué. Une image doit suffire. Une affirmation doit faire l’affaire. Ce n’est plus le temps des discours, c’est celui des selfies. Et le citoyen assure une place particulière à l’audience. Si une photo ou une affirmation est aimée par beaucoup de monde, elle mérite l’attention voire le soutien.

C’est comme hier le choix des restaurants. Un restaurant vide n’était jamais choisi puisque le client interprétait d’abord le vide et non pas le menu. Un restaurant plein était toujours choisi parce que le plein devenait le marqueur de la qualité. Trump a parfaitement intégré cette évolution. Il affirme. Il assène. Il joue sur l’effet de nombre.

Le clic c’est aussi la clinique des rages, le berceau du dégagisme. C’est impressionnant de constater la violence des commentaires sur les réseaux sociaux. Les mots choisis. Les vidéos mises en évidence. Il y a une violence permanente. Même entre “amis”, les divergences sont exprimées dans la violence : moqueries, insultes à peine voilées … Seul l’emoji avec le clin d’oeil est supposé assuré “l’humour affectueux”, la nuance … L’audience vient des rages. Elle ne vient pas des annonces positives. A l’ère de la post vérité, ces dernières suscitent même immédiatement le doute, la suspicion.

A Boston actuellement, la campagne de Joe Kennedy III incarne cette démocratie du clic. Son nom est une marque comme pour Trump. Et il fait vivre des photos chaque jour. C'est la nouvelle génération face au Sénateur usé. Même si Ed Markey a fait un travail de qualité, reconnu comme de qualité, cette démocratie du clic zappe, vit par l'image et non pas par les bilans. Une nouvelle donne absolue.

  • Publié le 11 février 2020

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