Joe Biden face à une unité introuvable

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Joe Biden a fait une priorité de sa volonté de pacifier la vie politique américaine. Mais, c'était sans compter sur la durée du "phénomène Trump" qui en réalité a été la traduction d'une évolution de fond d'une partie importante de l'électorat Républicain dans des conditions telles que l'unité parait quasi introuvable.

Drive-In Rally at Minnesota State Fairgrounds - St. Paul, MN - October 30, 2020

Des aspects pittoresques du candidat Trump ont contribué à cacher excessivement des tendances de fond qui dépassent et de loin la personnalité même de Trump.

La première leçon c’est que la faiblesse des partis traditionnels ne peut plus être ignorée à un moment donné. Aux Etats-Unis, l’alerte date de 2010 avec la première émergence du Tea Party. Cette alerte n’a cessé de prendre de l’importance de 2010 à 2016 du côté des Républicains. Chez les Démocrates, le vrai militantisme est ailleurs qu’au sein du … Parti Démocrate. Ce sont des associations militantes extérieures au Parti Démocrate qui font vivre le militantisme à “gauche” : MoveOn.org, Occupy Wall Street, …
Il y a un moment où la faiblesse des formations politiques classiques ne peut plus être sous-estimée parce qu’elle ouvre des contournements possibles.

C’est la seconde leçon, Donald Trump c’est fondamentalement la première OPA sur un parti politique classique. C’est une leçon majeure pour les formations extérieures à la politique. A partir de quel moment un mouvement politique classique peut-il être investi par une personnalité extérieure dotée de militants qui peut de ce fait prendre le pouvoir à l’intérieur même d’un parti ? A l’extérieur du Parti Républicain, Trump savait qu’il plafonnerait à 8 % au mieux. A l’intérieur du Parti Républicain, avec le label officiel, Trump s’assurait 38 % au pire. 30 points d’écart ! Les primaires deviennent le cadre juridique des OPA.

Pour parvenir à cette OPA, Donald Trump a changé les règles de la compétition. Il est sorti des codes du Parti Républicain. Comment ? En transformant les réunions publiques en discussions privées comme dans la salle à manger : mêmes sujets, mêmes mots, même absence de sujets tabous … Et les militants ont adhéré. Prendre une feuille de papier. Jeter 4 à 5 thèmes et parler devant 5 000 personnes comme s’ils étaient 4 connus de longue date. Voilà la disruption majeure dans les primaires.

Quatrième leçon, puisque les partis politiques sont faibles, il faut personnaliser à fond le débat. Puisque les partis politiques sont fragilisés, le vrai repère doit être la marque qu’est le nom du candidat. Dans cette logique, il faut donc personnaliser à fond la communication de la campagne. Le parti politique devient une coquille juridique et non plus un cadre idéologique.

Enfin, cinquième leçon, le rejet des politiciens professionnels. L’argument est simple. Il est double : qu’ont-ils résolu ces dernières années ? Rien alors pourquoi reconduire ceux qui sont à la source des problèmes en étant incapables de les résoudre ? Cette réalité fragilise les politiques sortants dans les primaires.

Toutes ces réalités sont désormais incontournables.

Dans ces circonstances, pour Joe Biden trouver des alliances larges avec des Républicains semble quasi impossible.

Pour preuve, un profil comme John Thune. Il est bien obligé de compter avec cette réalité du terrain.

  • Publié le 11 mai 2021

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