Reconquête : un phénomène Tea Party à la Française ?

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Le phénomène du Tea Party a été injustement très peu étudié en France. C’est une erreur qu’il en ait été ainsi. Le Tea Party est né en 2010 lors des élections intermédiaires courant le premier mandat de Barack Obama. Seulement six ans plus tard, en 2016, ses idées étaient à la Maison Blanche.

Vote US

Et en novembre 2022, ses idées seront très probablement largement majoritaires au sein des élus Républicains lors des élections intermédiaires de novembre.
Pour l’essentiel, le Tea Party c’est quoi ? Le peuple prend la parole ! D’un coup, il s’émancipe des cadres habituels dont les partis politiques classiques parce que l’élite qui fixait ces cadres a perdu tout crédit à ses yeux. L’élite est perçue comme défaillante, impuissante, corrompue, coupée du peuple … bref, elle n’est plus une référence qui mérite la confiance donc l’adhésion. La primaire Républicaine 2016 a balayé les représentants du système dont Jeb Bush caricature de la famille patricienne associée au pouvoir pendant des décennies. Le 1er février 2016, premier scrutin dans l’Iowa, contrairement alors à tous les sondages, Jeb Bush fait …3 % des votes.
Le 20 février, après les 8 % en Caroline du Sud, il se retire de la primaire dont la quasi totalité des observateurs indiquaient l’été précédent qu’il allait la gagner “haut la main”.

Le Tea Party, c’est l’union des citoyens qui ont mal avec ceux qui ont peur d’avoir mal à très court terme : insécurité, chômage, perte d’identité, fiscalité jugée excessive … Trump a surfé sur cette vague alors même qu’il faisait partie du système par son métier qui suppose de négocier avec le pouvoir politique comme par ses tentatives électorales passées.

Mais en 2015, la vague était là. Avec une volonté jusqu’au-boutiste de disruption dans la forme comme dans le fond, il est devenu “l’anti système”. Celui qui allait permettre de sanctionner le système.

Le Tea Party, ce sont des candidats qui valorisent les champions que sont les gens ordinaires. La vague est née avec Sarah Palin et les “mamans grizzly” : elles se battent pour défendre leur famille, leurs enfants. En France, Sarah Palin a été beaucoup moquée. Mais dans la réalité des faits, elle a relancé la campagne de McCain l’été 2008 comme le montrent les chiffres puis elle a donné naissance à une génération nouvelle d’élues : Nikki Haley, Kristi Noem … Leurs socles : les réalités du quotidien. Le patriotisme au quotidien. Dans les primaires puis face aux Démocrates, elles ne se sont pas présentées comme les candidates traditionnelles. Leurs CV commençaient par une référence simple : “mom” (maman).

Ces candidats ont déjoué tous les sondages. Pourquoi ? Essentiellement pour deux raisons : d’une part, la mobilisation. D’autre part, le vote caché. La mobilisation ne se décrète pas dans les sondages. Elle se constate par le nombre des participants aux réunions publiques. En 2016, Trump a connu ce marqueur. L’establishment a alors voulu le nier indiquant “ils vont voir le clown mais ils ne voteront pas pour lui”. C’est de la curiosité et pas du soutien. C’était du soutien ! Et le vote caché parce que les citoyens non militants n’aiment pas indiquer qu’ils vont voter pour un candidat qui n’est pas donné “gagnant à coup sûr” dans les sondages du moment. Mais dans l’isoloir, ce réflexe disparait et ils votent avec les tripes et surtout avec la colère contre le système.

Aujourd’hui, la France assiste peut-être à la naissance de “son” Tea Party ? Si c’est le cas, le score d’Eric Zemmour sera la surprise du soir du 1er tour : mobilisation + vote “caché”.
Pour la première fois à ce point compte tenu de la foule présente à chaque réunion publique, cette réunion fut-elle au fond de la “France profonde”, il y a une mobilisation et une ferveur qui ne peuvent plus être ignorées. Elles rappellent les longues files d’attentes pour les réunions de Trump en 2016.

C’est un marqueur du terrain qui doit être considéré. Peut-être même à ce jour le principal marqueur du terrain bien au-delà des sondages qui se révèlent en France si souvent éloignés des scores des soirs de votes… ?

  • Publié le 12 février 2022

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