Barack Obama doit convertir le désir de candidature en désir de victoire pour faire la différence

  • Barack Obama
  • David Plouffe

Barack Obama est confronté à un enjeu majeur de communication pour boucler rapidement sa désignation face à un clan Clinton plus efficace que jamais.

Au moment où la presse occidentale "s'emballe" pour présenter Barack Obama, il importe d'abord de rappeler que les lecteurs de notre lettre hebdomadaire ont eu droit à la présentation de ce candidat dès le 21 novembre 2006 (lettre 66), il y a donc 14 mois déjà.

Lors des élections du mid term de novembre 2006, deux personnalités politiques avaient été très demandées, avaient mobilisé les principales collectes de fonds et surtout réuni les audiences les plus fournies.

Ces deux personnalités étaient :
Barack Obama,
John McCain.

Ce filtre avait été un premier indice.

En réalité, Barack Obama s'est alors engagé dans une longue course marquée par trois étapes successives correspondant à trois enjeux différents :
* se lancer officiellement dans la course présidentielle en annonçant sa candidature et en constituant les comités officiels nécessaires,
* en levant les fonds qui crédibilisent la candidature et permettent de l'inscrire dans la durée,
* en créant une dynamique lors des premières primaires qui l'installe en vainqueur désiré.

Il est aujourd'hui à cette troisième et dernière étape.

Alors qu'il a franchi avec facilité et succès les deux premières, il bute désormais sur deux obstacles importants :
* la tenacité et le professionnalisme du réseau Clinton entièrement mobilisé derrière la candidature d'Hillary Clinton,
* la difficulté à mobiliser le vote utile face à une finale difficile contre le candidat républicain.

La vie politique américaine est souvent présentée comme un univers perpétuel changement. C'est faux. C'est un univers terriblement conservateur au sein duquel l'alternance est l'exception. Les campagnes représentent un tel coût et une telle organisation que l'avantage du sortant est considérable. Bénéficier d'un réseau dans tout le pays est un avantage décisif. D'où la logique de certains candidats d'accepter de participer au ticket pour " tour de chauffe " à l'exemple de John Edwards.

La chance d'Hillary Clinton (comme hier GW Bush au sein du Parti Républicain) c'est qu'elle mobilise tout le réseau de son époux. C'est donc une concurrence toute particulière. Alors même que des médias valorisent des victoires d'Hillary Clinton, ce sont les scores d'Obama qui sont de réels exploits tant l'assaut de la forteresse présidentielle est terrible pour un novice.

Le second obstacle réside dans l'Amérique profonde. L'Amérique des côtes est très différente de l'Amérique profonde. Cette dernière est encore réticente à certains aspects du profil d'Obama. Il faut d'ailleurs noter que, première dans l'Histoire de primaires, il bénéficie déjà et de longue date de la couverture sécurité des services officiels d'ordinaire mise en action seulement lorsque le candidat est investi par son parti.

C'est ce dernier volet qui compte le plus.

Obama doit établir sa capacité à gagner la finale. Le désir d'alternance est tellement fort dans l'électorat démocrate qu'il éprouvera des difficultés à désigner un candidat fragile pour la victoire finale.

Avant le super Tuesday du 5 février 08, c'est cette crédibilité de victoire finale qu'il doit conquérir.

Elle lui assurera le changement de statut, le passage du désir de candidature à celui du désir de victoire et alors la route de la désignation démocrate s'ouvrira. Le candidat devrait dans les prochains jours mobiliser des positions fédérales pour acquérir cette ultime dimension.
S'il y parvient, le super Tuesday sera le temps de son sacre.

  • Publié le 20 janvier 2008

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