Barack Obama tente de concrétiser rapidement son actuel avantage
Barack Obama mobilise ses troupes pour relancer sa campagne avant d'enregistrer une probable défaite en Pennsylvanie le 22 avril. Une défaite qu'il annonce déjà afin de la banaliser.
Au cours de la semaine passée, la primaire démocrate a vécu un tournant.
Ce tournant est intervenu sous la pression de trois facteurs :
1) les enquêtes d'opinion qui montrent que la vigueur des attaques entre les candidats démocrates est telle qu'elle exclut demain une part importante du camp du perdant. En moyenne, 20 % de l'électorat du perdant déclare éprouver des difficultés à se ranger aux côtés du vainqueur. Le Parti Démocrate ne peut s'offrir le luxe d'une telle hémorragie d'électeurs sympathisants.
2) Le parcours de McCain qui engage désormais sa campagne fédérale après avoir travaillé son profil international à l'occasion d'une récente tournée efficace.
3) Dans une conjoncture marquée par le profond rejet de Bush, le Parti Démocrate voit s'éloigner la victoire à la présidentielle comme l'indiquent les dernières enquêtes qui donnent actuellement McCain vainqueur dans tous les cas de figures.
L'offensive d'Obama est intervenue sous la forme de trois initiatives :
1) Faire constater par des personnalités du Parti Démocrate qu'il est aujourd'hui en avance en nombre de délégués. Certes cette avance n'est pas irréversible mais elle lui garantit une continuité jusqu'à la convention qui deviendrait alors très disputée.
2) Cette première étape franchie, solliciter le retrait d'Hillary Clinton qui, placée en seconde position, doit assumer le prix de la division pour tenter de reprendre une hypothétique première place. Cette opération permet de faire peser sur elle tout le poids des actuelles difficultés du Parti Démocrate. Hillary Clinton devient la candidate qui place son ambition personnelle au-dessus de l'intérêt du Parti voire au-delà.
3) Les partisans d'Obama peuvent agiter l'épouvantail d'une convention qui deviendrait le théâtre de divisions désastreuses. Or aucun parti ne se remet d'une convention mal orchestrée. Les conventions n'ont pas pour centre d'intérêt les militants mais les électeurs. C'est cette dernière évolution qui a guidé toutes autres. Tant que les conventions ont été organisées par des militants pour des enjeux militants, elles ont effrayé les électeurs désorientés par un spectacle de sectarisme, de marchandages, d'oppositions violentes. Un parti politique a certes besoin de militants mais il a surtout besoin d'électeurs. Une convention réussie peut représenter un bond de 7 à 10 points dans les sondages. C'est donc un formidable tremplin pour le lancement de la dernière ligne droite électorale. Une convention qui offrirait le spectacle des divisions serait un probable handicap majeur pour la victoire à la présidentielle.
Pour toutes ces raisons se lève un courant fort exprimant publiquement que le mois d'avril doit être celui de la désignation du candidat démocrate sans attendre les ultimes autres scrutins.
Le Parti Démocrate avait corrigé le calendrier initial pour avancer la désignation de son représentant. Personne n'imaginait une compétition interne aussi disputée et indécise.
C'est enfin le moment choisi par Obama pour montrer que, s'il n'a pas l'expérience de ses concurrents, il a un charisme qui ne repose pas seulement sur le look mais qu'il a la profondeur de pensée qui sied à la fonction présidentielle. D'où la tenue de discours de fond qui ont marqué l'opinion dernièrement.
Une évolution qui, pour l'instant, n'ébranle pas la détermination d'Hillary Clinton à aller "jusqu'au bout".