François Bayrou se marginalise progressivement
C'est clair : François Bayrou ne parvient plus à exister entre deux consultations électorales. Une situation qui va l'handicaper pour la prochaine présidentielle.
C'est un paradoxe étonnant. Au moment où la Constitution de 1958 reconnaît le rôle des partis politiques (art.4) ; leurs fonctions, voire même leur utilité, sont particulièrement contestées.
Au même moment et indépendamment des époques, ceux qui ont tenté de percer en dehors des partis politiques n'y sont jamais parvenus quelles qu'aient été leurs grandes qualités personnelles comme ce fut le cas hier de Messieurs Garaudy, Fouchet, Jeanneney, Jobert et plus récemment Chevènement. François Bayrou parviendra-t-il à échapper à ce phénomène ?
Après les élections locales de mars 2008, même dans les rangs du Modem, il est désormais question de l'évolution de la "Bayroumania" du printemps 2007 en "Bayrouzina" de mars 2008.
Les partis politiques sont en crise car leurs fonctions classiques sont de plus en plus contestées.
Ils assurent de moins en moins une fonction de médiation.
Les partis n'ont plus l'exclusivité de la représentation des intérêts nationaux. Les associations, les syndicats, les médias les concurrencent redoutablement. Bien davantage, se sont multipliés les mécanismes de consultation directe de l'opinion à l'exemple du référendum voire, de manière moins solennelle mais tellement plus fréquente, des sondages.
Les partis politiques ne semblent pas occuper davantage des fonctions d'expertise ou de réflexion.
Le Modem n'échappe à cette crise générale des structures politiques.
Le constat d'échec tient en une réponse simple : le Modem est en panne de sens.
La période présente n'est pas marquée par une recherche d'utilité mais par une recherche de sens.
Aujourd'hui, les questions majeures portent toutes sur le sens des choses, le sens même de la vie :
* pourquoi donner autant de place à son travail si la précarité peut frapper aussi subitement ?
* pourquoi s'engager dans des actes civiques si les paroles d'élection ne sont jamais des paroles d'action ?
* pourquoi consommer quand l'accumulation des biens n'apporte plus les satisfactions attendues ?
Les questions du moment ne sont pas des questions de nécessité ou d'utilité. Ce sont des questions qui touchent au but réel des actions donc à leur sens.
Or, dans de telles circonstances, le Modem n'a pas trouvé les moyens de dégager des repères précis sur le sens de son action à l'exception d'être considéré comme l'outil de conquête présidentielle pour son leader.
Faute d'une redéfinition de ses conditions de fonctionnement et du sens de son action, le Modem a perdu la bataille de l'identité.
En fonction de cette identité, de nouvelles catégories d'adhérents se seraient profilées ouvertes à une "nouvelle politique".
Il est significatif que des personnes parlant d'un proche ou d'un familier qui s'engage dans un parti politique disent communément : "il a pris le virus de la politique".
Qui connaît un être humain sain de corps et d'esprit être candidat à "prendre un virus" ?
Au moment où la lutte contre les virus alimente les fantasmes collectifs, cette expression est lourde de sens.
C'est comme si en adhérant à un parti politique, un individu allait vers une punition auto-infligée certes mineure mais une punition quand même.
Tant que cette formule populaire demeurera, l'état de santé des partis politiques sera inquiétant et le Modem n'échappe pas à ce constat ; bien au contraire.
Bien davantage, ayant incarné les ancrages les plus divers et mobiles, le Modem est devenu le symbole des électeurs zappeurs au gré des humeurs de circonstances ou des considérations personnelles liées à des géographies.
En moins de 12 mois d'existence, le plus jeune des partis est devenu la caricature des reproches formulés aux partis les plus anciens.
Sans modification urgente, le Modem sera la caricature de l'échec de la démarche de F. Bayrou.