François Bayrou est-il déjà sorti de la présidentielle 2012 ?
L'hebdomadaire Le Point consacre un long reportage aux déclarations off de Nicolas Sarkozy. Il en est une qui mérite une attention particulière : " ce n'est pas le pouvoir qui use mais l'absence de pouvoir".
Dans l'entourage présidentiel, le danger Bayrou semble s'éloigner. La révélation de la présidentielle 2008 serait donc en voie de marginalisation définitive.
Il est vrai que le rebond relève du mystère et de l'exploit.
Quatre obstacles s'élèvent de façon majeure.
Tout d'abord, l'émergence de Bayrou repose sur l'absence de bipolarisation. Or, toutes les démocraties modernes vivent au rythme de la bipolarisation quasi-absolue. La démocrate d'opinion moderne a besoin de schémas clairs : qui gouverne et qui s'oppose ? L'idée de la troisième voie correspond difficilement à une démocratie moderne.
Ensuite, cette démocratie d'opinion se nourrit de l'exposition permanente. Etre à l'écart du pouvoir ou de l'incarnation de l'opposition, c'est être voué au silence donc à la disparition.
Troisième facteur, le Modem n'est pas un parti moderne mais un cercle républicain hétérogène qui éclatera à la première campagne clivante. Un parti moderne est d'abord un appareil de campagne, une logistique, un trésor de guerre, des fichiers ... mais pas un lieu de débats conceptuels. Là aussi, les démocraties américaines, britanniques, canadiennes ont "montré le chemin".
Enfin, la quasi-disparition des Verts et du PCF renforcerait l'hégémonie du PS donc la quasi-mécanique qualification de son représentant pour le second tour de la présidentielle. Certes la poussée Besancenot peut inquiéter mais les "grands féodaux" vont peser lors de la prochaine présidentielle qui sera la quatrième présidentielle abordée en leader par la droite avec l'usure que ce chiffre implique.
Toutes ces raisons techniques font qu'en effet l'effet Bayrou ne semble plus préoccuper l'entourage présidentiel. C'est le pari stratégique le plus important de ce mandat.