Barack Obama et John McCain face à une économie en feu
Le Parti Républicain est en passe de gagner son pari de communication : transformer l'élection en un referendum sur un terrain favorable. L'occasion pour lui de faire oublier que l'économie Américaine est actuellement en état très critique.
Parler du bilan Bush, c'est évoquer la guerre d'Irak. Mais il ne faut pas oublier qu'il laisse une situation économique très compromise.
Le contexte économique dans lequel se déroulera le scrutin du 4 novembre est particulièrement morose. Le retournement de l'immobilier, la crise du subprime qui en a résulté, la déprime du secteur automobile, la faiblesse historique du dollar sont des volets manifestes d'une économie en proie pour le moins au doute.
L'économie est d'ailleurs la première préoccupation de l'opinion Américaine.
Sept dossiers vont occuper les dernières semaines de la campagne.
Tout d'abord, la situation de l'emploi. Le voisin canadien publie des chiffres inquiétants. Les Etats-Unis n'échappent pas non plus à cette situation en constatant une montée du chômage à plus de 5, 5 % en juin 2008. Pour l'instant, les baisses d'emplois sont significatives mais demeurent modérées.
Le retour de l'inflation est la seconde préoccupation. Les ménages sont très sensibles aux variations des prix et tout particulièrement aux prix des carburants. Les Etats-Unis partent pour une inflation de l'ordre de 4 % sur le plan annuel.
Le troisième sujet concerne la crise immobilière. Le tournant en l'espèce a été le début du second semestre 2005. Les ménages subissent plusieurs impacts majeurs. Leur patrimoine est érodé par la baisse des prix s'ils sont propriétaires de leurs maisons. Mais surtout, les difficultés à honorer les échéances d'emprunts ont entraîné une multiplication des saisies.
La quatrième préoccupation concerne la situation des finances publiques. Lors du second mandat de Bush, elles ont connu une détérioration considérable. Les baisses d'impôts décidées lors du premier mandat de Bush, le ralentissement de la croissance et les conséquences financières de la guerre en Irak ont provoqué une envolée du déficit public qui devrait dépasser les 3 % du PIB dès le début 2009.
Le cinquième sujet important concerne la déprime du secteur automobile. Les constructeurs ont pris conscience de la nécessité d'un changement de modèle économique. Les décisions prises par General Motors sont emblématiques d'un total retournement de positionnement. La question est de savoir quand les effets positifs interviendront et à cette date dans quel état sera l'industrie automobile ? Dans les Etats où cette industrie est concentrée, à l'exemple du Michigan, le taux de chômage progresse de façon accélérée pour dépasser désormais les 7 % ce qui est rarissime.
Le sixième dossier concerne la politique commerciale des Etats-Unis. Au moment où les déficits se creusent, la tentation protectionniste se fait jour en conditionnant les accords de libre-échange à des critères sociaux ou environnementaux.
Le dernier dossier demeure celui du système de santé. C'est le maillon faible du dispositif Américain. Il est coûteux et peu efficace. 47 millions de personnes ne disposent pas d'assurance santé. Mais est-il possible d'engager une telle réforme quand l'économie générale est au bord du gouffre.
Une contrainte identique s'impose en matière de promesse de réduction de fiscalité à tel point d'ailleurs qu'y compris le candidat républicain ne manifeste pas un zèle particulier en la matière.
Ces faits montrent que les Etats-Unis sont dans une situation très préoccupante avec un climat de récession économique pouvant même conduire à une sévère dépression économique.