Discours : le 14 juillet : naissance de la République

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Chaque semaine, notre lettre hebdomadaire comprend la trame de deux discours sur des sujets d'actualité. Nous publions le discours consacré à la fête du 14 juillet.

Si je tiens à prendre la parole aujourd'hui, confisquant ainsi un peu d'un temps traditionnellement réservé aux réjouissances populaires, c'est parce que cette date marque d'abord la principale célébration de la République, et qu'à ce titre, il convient de lui réserver un caractère officiel.

Vous savez que dans la Capitale, ainsi que dans bon nombre de villes de France, le 14 juillet est l'occasion de défilés militaires dont la finalité est de restaurer un certain patriotisme autour d'une armée qui est tout à la fois l'émanation et la gardienne de la nation.

Notre cité n'héberge aucune garnison, et hormis nos gendarmes auxquels nous sommes attachés par des liens plus amicaux que martiaux, nous n'avons pas ici de représentants de l'autorité militaire. Aussi est-ce à l'élu que je suis, qu'il appartient de souligner l'importance de cette célébration.

Cela commence, comme chaque année, par une mission bien agréable : celle de remercier et de féliciter tous ceux qui ont oeuvré pour que cette fête soit une totale réussite et que toute la population partage une liesse justifiée. Je sais que cette démarche s'apparente à un lieu commun mais j'ai conscience de me faire l'interprète de tous nos citoyens lorsque je mets en valeur l'effort des bénévoles sans lesquels notre Commune n'aurait pas les moyens de s'offrir de telles festivités. Pour ces mêmes raisons, nous ne pouvons leur témoigner matériellement notre gratitude. Alors qu'au moins, ils soient à l'honneur après avoir été à la peine.

Cet hommage aux " bonnes volontés " trouve tout à fait sa place dans la célébration du 14 juillet puisque cette date marque en quelque sorte la naissance de notre République. En effet, la "res publica ", " la chose publique ", repose sur le partage des tâches et des responsabilités au sein de la Commune.

Cette forme de société – car c'en est une – librement choisie, librement consentie – est la marque des civilisations les plus évoluées. Une forme pas si nouvelle d'ailleurs, puisqu'on en trouve le modèle dans l'antiquité, dans des sociétés qui avaient atteint un niveau de progrès que nul ne saurait aujourd'hui contester. Notre République a plus de deux siècles : c'est peu si l'on se réfère aux temps anciens, mais c'est beaucoup si l'on considère tous les avatars qu'elle a connus, les attaques dont elle a été l'objet et les complots qu'elle a dû déjouer. Sa pérennité montre assez que ceux qui l'ont voulue et l'ont mise en place avaient vu juste.

Les fondements de la République, vous les connaissez et mon propos n'est pas de faire ici un cours de philosophie politique. Je voudrai cependant rappeler rapidement, puisque les passions nous le font parfois oublier, que le système républicain repose sur une façon réfléchie de vivre en communauté en respectant l'individu et un moyen de trouver le juste équilibre entre les aspirations de chacun et les intérêts de tous.

C'est là je crois, un aspect fondamental que nous ne devons jamais perdre de vue sous peine de bafouer cette notion de démocratie dont la République n'est que l'expression. Trop souvent, la passion, l'enthousiasme, la spontanéité, la foi même, nous conduisent à faire prévaloir l'aspect personnel sur le collectif. Et si cela peut être parfois bénéfique pour faire avancer les choses pour qu'elles bougent et se renouvellent, il convient aussi de ne pas se laisser emporter sans mesure et sans réflexion.

L'avènement de la République a ouvert une ère de progrès qui nous paraît aujourd'hui évidente et indispensable. Beaucoup s'étaient battus pour cela pendant des générations et des générations. C'est à eux que nous devons rendre hommage en premier lieu, car le but qu'ils s'étaient fixés était alors aux frontières de l'impossible. Par respect pour leur combat nous devons rendre plus présent, plus vivant le sens même de l'idée de République qui repose notamment sur l'émergence de la qualité de citoyen, plaçant les individus à égalité indépendamment de leur statut matériel. Cette citoyenneté est une qualité qui mérite une lutte de chaque instant. Sous cet angle, l'esprit du 14 juillet est chaque jour présent.

  • Publié le 1 juillet 2009

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