Bertrand Delanoë et la chance des défaites

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Et si la chance du Maire de Paris avait été de perdre l'élection de Premier Secrétaire du PS comme de ne pas avoir gagné les JO ? C'est le scénario qui gagne en force actuellement.

La France connaît une nouvelle forme de cohabitation. Hier, cette originalité politique concernait les rapports de pouvoirs au sein de l'exécutif.

Aujourd'hui, la cohabitation semble concerner les relations entre le pouvoir national et le pouvoir local.

Pour le pouvoir national, l'opinion confie les responsabilités à la droite depuis 1995 avec une certaine constance comme si elle avait le sentiment que la droite était la mieux placée pour gérer l'appareil d'Etat avec efficacité, réalisme et sérieux.

Pour le pouvoir local, l'opinion fait confiance à la gauche qui, depuis 1995, enregistre des succès de première importance au point progressivement de détenir l'essentiel du pouvoir local : régions, départements et grandes villes. A ce niveau local, la gauche incarnerait la solidarité, la qualité de vie, la proximité …

Dans ce schéma politique, Bertrand Delanoë occupe une position emblématique. Maire de Paris, il est à la tête de la Ville qui incarnait le pouvoir de droite jusqu'en 1995. Ce même pouvoir qui servait de rampe de lancement à la conquête du pouvoir d'Etat.

Bertrand Delanoë incarne le pouvoir local socialiste, imaginatif, bon gestionnaire, tolérant ...bref, paré de la quasi-totalité des qualités d'un pouvoir moderne.

Delanoë est porteur de trois nouveautés fortes.

D'abord, il est le Maire de l'image. C'est un excellent communicateur qui a le sens de la "vague" et surfe habilement sur les grandes modes culturelles.

Le Maire à la mode n'est plus aujourd'hui un excellent gestionnaire. Il doit être d'abord un communicateur hors pair.

Ensuite, par l'originalité de ses initiatives, il flatte la "fierté d'appartenance". Paris n'est plus seulement une capitale administrative. C'est d'abord une capitale de qualité de vie. Il a entièrement modifié l'image de marque de Paris. Les images portées par la multiplication de films ont considérablement impacté ce volet de sa gestion. La Ville est redevenue belle aux yeux des non-parisiens.

Enfin, Bertrand Delanoë incarne l'imagination tolérante. C'est aujourd'hui le profil attendu par la nouvelle génération pour la qualité dominante des responsables publics. Le terrain local devient un théâtre d'expérimentation notamment en matière culturelle, sportive, festive … Autant de domaines où Delanoë est véritablement devenu une sorte d'icône.

Les deux défaites marquantes (JO et PS) ont évité à Delanoë des dossiers ingérables.

Financer les JO dans la crise financière actuelle aurait été un défi très impopulaire.

Quant au PS, les "grands féodaux" se chargent de rendre impossible toute gestion efficace.

Le véritable enjeu est donc celui des régionales. Que "la région capitale" reste au PS grâce à l'engagement du Maire de Paris et le voilà relancé en place de leader incontournable qui gagne tout ce qui ressort du suffrage universel direct. La présidentielle n'est peut-être plus aussi éloignée ?

  • Publié le 4 juillet 2009

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