François Bayrou et le pouvoir sans partage
Le leader du Modem est confronté à une situation sans précédent sous la Vème République.
La Vème République est entrée dans la modernité en 1974. Cette date permet donc des comparaisons dotées d'un socle sérieux.
De 1974 à 1981, le pouvoir présidentiel devait compter avec une majorité parlementaire très dualiste (RPR majoritaire et quasi-dissident à compter de 1977) et une opposition composée de deux partis forts en ordre permanent de bataille nationale (PS et PCF).
De 1981 à 1988, le pouvoir présidentiel reposait sur une majorité plurielle (PS, Radicaux de Gauche et PCF). Son opposition comptait deux sensibilités en compétition avec des bases électorales solides (RPR et UDF). A compter de 1986, l'exécutif était même partagé entre deux sensibilités opposées.
De 1988 à 1995, le pouvoir présidentiel était dans une phase de repli amplifiée par la cohabitation à compter de 1993 ouvrant une compétition ouverte au sein de la majorité parlementaire d'alors.
De 1995 à 2002, en dehors de la période 1995-1997, le pouvoir présidentiel a dû compter avec un pouvoir gouvernemental tenu par le PS.
De 2002 à 2007, le pouvoir présidentiel de nouveau en phase manifeste de repli devait compter avec un parti non docile manifestement engagé dans la quête présidentielle sans attendre le choix du Président sortant.
Ces rappels montrent combien la Vème République s'inscrit dans une logique permanente de pouvoir partagé.
2007 est un changement radical en la matière. Le parti présidentiel est seul majoritaire. La tendance ex-Udf n'a même plus de représentation parlementaire au sein de l'Assemblée Nationale. Quant à l'opposition, elle ne dispose d'aucun pouvoir même de blocage.
C'est un pouvoir sans partage historique.
Si de surcroît, l'opinion accompagne difficilement l'exercice de critiques dans de telles circonstances, quel espace peut-il rester pour une simple "opposition de parole" ?
C'est un cas sans précédent sous la Vème République.