Sarah Palin et le populisme à prix d'or

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Les poubelles d'une fac de Californie donnent un éclairage implacable sur les conditions matérielles des tournées de Sarah Palin. Une tournée à prix d'or pour parler du peuple de l'Amérique profonde ...

Deux élèves d'une fac de Californie en fouillant les poubelles du campus seraient tombés sur le projet de contrat d'intervention de Sarah Palin.

Tout serait fixé dans les moindres prévisions : le prix de sa prestation mais aussi les bouteilles d'eau plate pendant l'intervention avec paille flexible et la taille minimale du jet privé pour le transport.

La lecture du projet de contrat dénote un souci du détail assez impressionnant pour une des figures emblématiques du nouveau populisme US.


Le nouveau populisme Américain a en effet trouvé ses figures emblématiques :

1) Scott Brown : avant son élection, il a réussi un exploit : l'objectif : récolter un demi-million de dollars en 24 heures, par l'entremise d'Internet, en faisant appel aux militants conservateurs d'un bout à l'autre des États-Unis. 48 heures plus tard, il avait amassé 1,5 million de dollars.

Cette récolte en disait long sur le dynamisme des militants conservateurs, et tout particulièrement de ceux qui se réclament du mouvement Tea Party.

Né en février 2009 durant les débats sur les plans de relance économique et de sauvetage des banques, ce mouvement s'oppose avec vigueur à la dérive "socialiste" de l'administration démocrate, tout en dénonçant les Républicains modérés.

Son nom fait référence à une étape charnière de la révolution américaine - le Boston Tea Party de 1773 - et ses méthodes font penser à celles que les organisations pro-Obama ont utilisées pendant la campagne présidentielle de 2008.

2) Marco Rubio : même démarche que Scott Brown, il est en passe de faire la surprise en Floride en battant Charlie Crist, longtemps donné comme présidentiable au sein même du Parti Républicain.

3) Sarah Palin : elle incarne avec confiance les valeurs classiques de l'Amérique profonde :

- Tout d'abord, c'est l'affirmation de l'indépendance, des valeurs de rêve de l'ouest, du sud-ouest contre la domination de la côte est. Cette logique est celle de la défense militante contre l'intervention gouvernementale, contre la permissivité, pour la famille.

- Ensuite, c'est l'affirmation d'un unilatéralisme dans les relations internationales. C'est la logique de Reagan, défenseur inflexible de la fierté et de la puissance américaine.

- Enfin, le dernier aspect concerne la dimension religieuse. C'est une approche qui se soucie moins des fautes de comportements individuels que des déviations théoriques ou doctrinales. Ce volet, pour partie paradoxal, explique d'ailleurs la compréhension qui a entouré certains reproches à l'endroit de Sarah Palin.

Dans ce contexte, la puissance retrouvée grâce à Reagan ne doit pas être menacée par une " nouvelle innocence " irresponsable incarnée par Barack Obama.

Cette représentation du monde repose sur des repères simples et manichéens :
- les ennemis sont diaboliques,
- les alliés sont ingrats et fragiles,
- les Etats-Unis ne peuvent compter donc que sur eux-mêmes.

C'est dans cet univers de fantasmes que le leader doit incarner le roc.

Sa vie a dû lui donner une force psychologique qui inspire confiance.

Son tempérament remplace toute stratégie militaire, économique ou diplomatique.

Les Américains sont présentés comme des gens honnêtes, sincères, bien intentionnés, pris dans des pièges diaboliques qu'ils doivent affronter avec courage, détermination et bien sûr avec l'aide du Seigneur qui veille sur eux.

C'est cette "conscience" que doit incarner le locataire du Bureau Ovale.

L'élection présidentielle est la minute de vérité où, après l'examen de conscience qu'est la campagne électorale, le vote est le moment d'écarter la tragédie qui guette grâce à un pays qui, par le bon sens de son peuple et en dépit de la faiblesse des élites, refuse l'aventure pour choisir la pureté morale et la puissance internationale.

Ce qui est sûr c'est qu'actuellement, ce populisme a l'enthousiasme des troupes de Barack Obama en 2007.

  • Publié le 16 avril 2010

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