François Bayrou et les 5 crises ratées

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François Bayrou tente un rebond dans des circonstances qui ajoutent à la confusion ambiante le concernant. Depuis 2007, il a été absent de façon étonnante lors de nombreuses crises majeures.

La première crise concerne la crise d'autorité. L'autorité a déserté les Institutions. Comme candidat, Nicolas Sarkozy représentait une nouvelle forme d'autorité. Comme Président, il a été pris au piège. Dès qu'il cherche à incarner une autorité forte, comme tout pouvoir moderne il sombre dans la décision solitaire, donc la perception d'arbitraire. Ce cycle entretient une crise permanente de l'autorité. François Bayrou n'apporte aucune réponse à cette question majeure.

La seconde crise est relative à la place du temps. La nouvelle vie publique est vécue dans l'instant. C'est possible de s'adapter en période de campagne où la parole est action. C'est impossible en temps de gestion. Les représentants du pouvoir sont donc en permanent décalage entre les exigences institutionnelles incontournables et une opinion qui vit la politique dans l'instant immédiat. Là, bien davantage, François Bayrou semble lui aussi tombé dans le piège de l'instant.

La troisième crise concerne la fin du "frivole endiablé". Avec la crise économique réelle et encore plus ressentie, nous sommes passés du frimeur au fouineur. La singularisation se fait par la recherche de l'économie. Il suffit pour s'en convaincre de regarder l'univers des publicités commerciales. La crise économique rend insupportable la débauche de moyens et de dépenses. Il vaut mieux le Nord que le Lubéron. La mode des ch'tis en dit long sur un pays qui valorise la province mais pas n'importe laquelle, celle de l'effort, de la fraternité, de la modestie. Sur ce point, pas de proposition de la part du leader du modem.

La quatrième crise concerne la place de la volonté. La volonté devient suspecte car elle apparaît inefficace donc mensongère. Tout se passe comme si l'évolution échappait pour une large part à la volonté de notre pays donc des politiques de chaque pays.

Enfin, la dernière crise concerne l'institutionnalisation de la crise. Dans la vie politique évènementielle, la querelle, la contestation, la dramatisation sont les meilleurs supports de la distinction. La crise guette donc au coin de chaque matin. Le Gouvernement parle d'une seule voix, c'est qu'une excessive autorité contraint au silence. Le Gouvernement parle de plusieurs voix, c'est une dissonance qui révèle la crise interne … Tout est crise. Cette logique poussée à l'extrême est une forme d'autodestruction pour le collectif. C'est le domaine où François Bayrou semble même emblématique de cette crise permanente.

Dans ces circonstances, comment peut-il encore espérer incarner une "voie nouvelle" à la différence de 2007 ?

  • Publié le 17 juin 2010

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