Affaire Kélian ou les paradoxes de l'économie française

  • Alain Dumenil
  • Stephane Kelian Production

Pendant deux jours, le procès Stéphane Kélian Production à Valence mettant en cause le financier Alain Duménil et ses collaborateurs a été l'exemple de la quasi-totalité des paradoxes de l'économie française.

Dans un climat de grande sérénité installé et préservé par le Président du Tribunal Correctionnel, Patrick Mandroyan, qui a été le garant d'un examen méticuleux des faits en séance, ce procès a été au centre de la quasi-totalité des nombreux paradoxes de l'économie française.

1) Plusieurs faits sont manifestement de nature à établir que l'économie est une "mal aimée" tant elle est gérée de façon punitive voire ostentatoirement revancharde. Des avocats s'en prennent à la garde à vue "inhumaine" pour des délinquants de droit commun pour lesquels être gardé à vue est une "élévation revendiquée dans le grade de la délinquance" mais elle serait ... "naturelle" pour des chefs d'entreprises qui vivent déjà cette étape comme un supplice majeur tant leurs repères sont différents. Un système de garde à vue déclaré contraire aux libertés fondamentales par une récente décision du Conseil Constitutionnel.

2) Pour certains intervenants, des sanctions terribles étaient déjà actées à l'exemple des deux ex-commissaires aux comptes : MM Janus et Brion. Ils ont exposé avec sincérité et émotion les changements radicaux de carrières qui avaient déjà été les leurs dès les premiers mois de l'affaire puisqu'ils avaient été rayés de l'ordre des commissaires aux comptes donc confrontés au retrait de leur profession habituelle.

3) C'est un dossier où tous les créanciers ont été désintéressés ; ce qui est officiellement le cas d'un dossier sur ... 12 000 en France. Loin de saluer cette situation qui atteste de la volonté du Chef d'entreprise, Alain Duménil, de terminer son intervention dans des conditions convenables, il en est déduit que "plus" aurait été toujours possible.

4) En cas de reprise d'une entreprise en difficulté et après une période d'activité déjà significative de nature à attester d'un effort financier réel de la part de l'investisseur, quelle sortie reste possible si le marché et / ou les conditions de productivité ne sont pas au rendez-vous ?
Peut-il y avoir de facto une sorte d'obligation de résultat pour un succès programmé ou pour un maintien quasi-indéterminé d'une activité non rentable ?

5) Jusqu'à quand et jusqu'à où les oppositions entre les salariés et les dirigeants peuvent-elles être entretenues sur des bases aussi décalées des réalités économiques ? Dire qu'aucune entreprise ne peut vivre sans des salariés est une réalité incontournable. Mais combien d'entreprises peuvent vivre sans des dirigeants ? Si c'était le cas, les coopératives ouvrières seraient probablement plus nombreuses et surtout plus prospères.

Pendant combien de temps encore, la France s'obstinera-t-elle à entretenir un rapport aussi punitif à l'égard de son économie ?

  • Publié le 20 novembre 2010

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