Marine le Pen sur la route de Gianfranco Fini
En une semaine, Marine le Pen vient d'effectuer trois évolutions majeures qui peuvent annoncer une nouvelle donne radicale.
La première évolution concerne le contexte même de l'émission "A vous de juger". Pendant longtemps, la diabolisation du FN se traduisait par l'impossibilité pour trouver des contradicteurs. Il "n'était pas fréquentable" au point que personne n'acceptait de croiser le fer avec le FN.
Maintenant, le FN fait "partie du système". Marine le Pen et Rachida Dati ne sont pas d'accord mais échangent même avec une certaine cordialité.
Pour l'opinion, il y a là un changement majeur. Le FN est un choix parmi les autres. Une première barrière est levée.
Cette barrière a été levée lors d'une émission qui a réalisé le 4ème score d'audience sur les trois dernières années ; c'est dire combien l'émission a été suivie.
La seconde évolution concerne la dernière déclaration faite à Lyon. Compte tenu de l'hostilité entretenue par la candidate du FN contre une communauté qu'elle stigmatise, selon la formule désormais consacrée, l'association avec un souvenir pénible de la seconde guerre mondiale la démarque immédiatement de certaines interprétations par rapport à la doctrine classique du FN sur la période 39-45.
La troisième évolution est l'affirmation la plus claire possible sur la volonté de "gouverner". JM le Pen avait franchi une première étape en plaçant une formation d'extrême droite dans une logique d'acceptation du suffrage universel direct. Marine le Pen effectue un pas de plus en affirmant que l'enjeu n'est plus de se compter mais de gouverner.
C'est une logique à la Gianfranco Fini en Italie. Reste maintenant à savoir si l'opinion va accompagner cette évolution et si d'autres composantes politiques vont faire de même. Ce qui est sûr, c'est que le FN ouvre manifestement une étape nouvelle de son positionnement.