La désignation de Ségolène Royal marque-t-elle la fin de l'idéologie soixante huitarde ?

  • Segolene Royal
  • Parti Socialiste
  • Primaires

La primaire du 16 novembre avec la victoire de S. Royal ne marque-t-elle pas un tournant dans les références thématiques de la gauche ? Des évolutions profondes étaient intervenues préparant le terrain pour l'émergence d'un tel profil.

La France est probablement en train de tourner la page de ses tentations soixante-huitardes.

Les fondements de mai 1968 étaient les suivants. La révolution ne doit pas seulement être économique et politique mais elle doit entraîner une métamorphose du quotidien.

ll s'agit de briser l'enchaînement infernal du "métro-boulot-dodo".

Il s'agit de casser le spectacle de la publicité commerciale qui incite au conformisme dans des rôles distribués par la société marchande qui écrase la spontanéité individuelle.

Il faut évoluer vers une société ludique vouée à la recherche du plaisir.

Enfin, la société politique doit être la libre association des individus et surtout le refus des partis structurés autour d'un chef. Cette dernière attente marque la révolte contre tout modèle d'autorité et tout système hiérarchique.

Progressivement cette approche est apparue excessivement utopique. Elle s'est heurtée au socialisme réformiste. L'idée dominante de ce socialisme c'est que le seul remède à l'injustice sociale c'est l'intervention de l'Etat pour rétablir des formes d'égalité entre les citoyens.

Pour prendre des exemples récents, ce socialisme réformiste est à l'oeuvre en Grande Bretagne avec un parti travailliste qui s'est inscrit dans la continuité et dans la réalité du pouvoir.

C'est aujourd'hui désormais le cas en France.
En décembre 2005, un grand hebdomadaire national (le Nouvel Observateur) a publié une enquête conduite par la Sofres sur le thème "être de gauche c'est quoi ?".

Cette enquête portait en elle bon nombre des éléments qui ont conduit à la victoire de S. Royal.

Prenons 4 repères majeurs :

1) les attentes à l'égard de la gauche : radicalité ou réalisme ? 61 % de réalisme au point de faire des compromis contre 34 % de radicalité. Ces chiffres sont ceux obtenus au sein même des sympathisants de gauche.

2) L'opinion sur des enjeux de société à l'exemple de la sévérité des juges. Sont-ils trop sévères : 7 %. Mais 53 % les estiment trop indulgents. Là aussi, ces chiffres émanent des sympathisants de gauche.

3) L'école devrait-elle être le lieu de l'esprit critique ou donner avant tout le sens de la discipline et de l'effort ? Toujours au sein des sympathisants de gauche, 56 % optent pour une école qui symbolise l'effort et la discipline.

4) Sur des sujets emblématiques comme la légalisation des "drogues douces", 74 % au sein des sympathisants de gauche s'y déclarent opposés.

Dans un tel contexte, les idéaux du gauchisme soixante huitard ne sont plus de mise. Bien davantage, il est possible de parler d'une réelle "nouvelle gauche" qui intègre de façon inédite des considérations de réalisme voire même de rigueur.

Le terrain culturel était bien prêt pour un profil comme celui de S. Royal.

  • Publié le 5 décembre 2006

Partagez cet article :

Exprimez votre avis :