Dominique de Villepin et le marathon difficile

Le problème pour la présidentielle 2012, c'est qu'aux yeux de l'opinion pour l'instant les candidats sérieux peinent à être intéressants tandis que les candidats intéressants peinent à être ... sérieux.

Pour Dominique de Villepin, l'enjeu est simple dans sa formulation mais terriblement compliqué dans son contenu : où trouver le juste équilibre entre élitisme et populisme ?

L'élitisme est son positionnement traditionnel aux yeux de l'opinion. Tout l'y rattache : depuis sa formation, son cursus professionnel (diplomatie) jusqu'à ses centres d'intérêts (litterature, art ...).

Mais la réalité électorale est ailleurs. Dans un pays en pleine croissance économique, l'opinion serait probablement sensible au charisme d'un leader qui trouble les cartes politiques traditionnelles sur le plan intérieur et qu'elle aimerait voir parcourir la scène internationale avec fierté.

Mais la croissance est aux abonnés absents et l'opinion s'apprête à souhaiter un élu qui passe le bleu de chauffe pour remettre du contenant dans le panier de consommation et de la rigueur dans les comptes de l'Etat.

Dans ce contexte, l'opinion préfère ce qui est familier à ce qui est brillant.

Elle écoute ce qui lui parle tout de suite à ce qui est repoussé au lendemain.

Elle est séduite par le rebelle contre l'establishment davantage que par le représentant de l'establishment fut-il le plus "éclairé" possible.

Tant que le présent est si difficile, l'opinion n'est pas prête à entrer dans le futur. Et Dominique de Villepin est-il prêt à entrer dans le présent immédiat davantage que dans le futur ?

Toute la difficulté du marathon présidentiel 2012 pour le Président de République Solidaire est probablement là.

L'opinion attend qu'il lui parle des fins de mois et non pas réforme des échelons territoriaux.

Elle aspire à ce qu'un grand serviteur de l'Etat lui parle d'exemplarité financière des grandes administrations centrales enfin engagées dans un meilleur respect des deniers publics et non plus dans la toujours fin repoussée des "fromages de la République".

L'opinion veut du visible tout de suite dans le porte monnaie et non pas une aide financière de plus certes nécessaire mais moyennant des contreparties contraignantes à finaliser sur plusieurs mois.

Il s'agit de trouver les mots et les actes pour parler à une opinion pour laquelle l'Intérêt Général n'est que l'appendice des désirs individuels de chacun avec un repère simple : que le pouvoir d'achat ne s'écrive pas mieux à terme ou moins incertain mais plus et tout de suite !

Ce sont là peut-être de mauvaises évolutions ou des réflexes peu "responsables" mais l'opinion attend qu'on y réponde et c'est pourquoi le marathon 2012 s'annonce si difficile.

  • Publié le 29 avril 2011

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