Martine Aubry et la présidentielle égoïste

  • Nicolas Sarkozy
  • Francois Fillon

La dette publique donne progressivement naissance à une nouvelle présidentielle. C'est la présidentielle égoïste où dans un monde déboussolé, chaque catégorie va chercher les voies de sa survie.

Le PS est peut-être en train d'engager sa campagne dans un contre-sens culturel. L'enjeu ne sera pas de sanctionner Nicolas Sarkozy. Il ne sera pas davantage celui d'une compassion généralisée désormais perçue comme hors des moyens financiers collectifs.

C'est l'élection de la morale de l'efficacité qui s'annonce : comment réduire la voilure sans faire chavirer le bateau ni faire sauter par dessus bord trop de personnes ?

Dans ce contexte, les idéologies n'ont plus rien à dire. C'est l'erreur de fond de la déclaration d'Eva Joly sur le 14 juillet : donner le visage d'un dogmatisme sur un anti-militarisme qui n'est pas une préoccupation du moment.

Toute prise de position doctrinale apparaîtra comme du rigorisme décalé, une forme d'évasion stérile. Le temps n'est plus à l'évasion. Il est à l'adaptation.

L'opinion va se détacher des tenants de l'évasion par le retour au passé (PS), par l'appel à de faux remparts (FN), par l'évocation à des ailleurs inconnus (écologistes).

Elle va privilégier l'adaptation sous deux visages qu'elle juge complémentaires :
- l'action,
- la protection.

Toutes les actuelles enquêtes montrent que l'opinion veut du "réalisme humain".

Elle aspire au réalisme : du possible rapidement qui ne détériore pas davantage une situation jugée déjà très compromise.

De l'humain, parce que le modèle français est jugé comme bénéfique sous ce volet là qui est largement partagé.

Dans ces circonstances, la dette crée deux catégories :
- ceux qui s'adaptent à elle pour éviter l'explosion préjudiciable,
- ceux qui la refusent et sont jugés comme incapables d'occuper la fonction du "pouvoir suprême" lors d'une présidentielle.

C'est ce réflexe "anti-dette" qui va structurer la présidentielle 2012.

Pour l'instant, Martine Aubry donne le sentiment d'engager une campagne "hors du temps actuel". Sa campagne est triste dans la forme et probablement inefficace dans le fond.

A l'exemple de la primaire des Verts, la primaire PS risque de conforter un décalage entre le collège des militants et les attentes de l'opinion.

Mais le calendrier serré entre le résultat de la primaire PS et le début de la campagne présidentielle active risque de surcroît de ne pas permettre une correction efficace de tir.

C'est le doux poison des primaires à la française qui pourrait démontrer dans le cas du PS une double erreur : celle d'une modalité inadaptée à l'organisation pratique des formations politiques en ajoutant un calendrier qui n'ouvre pas d'espace de respiration entre la fin de la primaire et le début de la présidentielle active...

  • Publié le 16 juillet 2011

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