Dominique de Villepin et les tendances du rebond

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L'opinion publique républicaine est en train de renverser la "table du banquet électoral". Il y a une "politico-émancipation" qui mérite une attention toute particulière parce que si elle était suivie en France en avril 2012 des surprises d'ampleur interviendraient.

La victoire de Newt Gingrich en Caroline du Sud comme celle de Rick Santorum dans l'Iowa cassent les repères habituels du supermarché électoral.

Jusqu'alors trois règles majeures s'imposaient :

- le "trésor de guerre" aide sur le chemin de la victoire même s'il ne permet pas de l'acheter. Mais sans "trésor de guerre", la victoire est hors de portée,

- les médias tracent le chemin que l'opinion va suivre,

- les sondages créent une dynamique auto-entretenue qui amplifie les vagues de l'opinion.

Ces trois règles sont actuellement totalement rejetées par les primaires républicaines.

Santorum gagne dans l'Iowa avec un budget dérisoire face à Romney tout particulièrement. C'est un écart en millions de dollars. Et le moins dépensier a gagné.

Il en est de même pour Gingrich dans la Caroline du Sud. C'est également un écart en millions de dollars. Le moins dépensier a également gagné.

Il suffit que les médias "maltraitent" un candidat pour que ce dernier bénéficie d'un soutien important de l'opinion qui se place aux côtés de celui qui" crie dans le désert" ou qui "s'exprime à contre-courant". Le vote Gingrich en Caroline du Sud a pris corps quand il a entièrement assumé sa logique de "l'anti-système". Dans les derniers discours de Gingrich qui ont fait choc, le "système" c'est quoi ? C'est Washington, la capitale administrative fédérale + New York comme capitale financière + les médias qui n'occupent plus leur fonction de 4ème pouvoir donc qui ne protègent plus les citoyens.

Les sondages créent une ambiance de pré-vote contre laquelle l'opinion se positionne le jour même du jour contre-disant très significativement les prévisions des sondages. Santorum a gagné dans les 24 dernières heures dans l'Iowa alors qu'il était donné par les sondages à moins de 10 % d'intentions de votes. Gingrich en Caroline du Sud était donné en seconde position jusqu'à 48 heures du vote et avec un écart très confortable pour Romney ...

C'est un climat très particulier. S'il est appelé à se confirmer, il y a beaucoup de tendances à analyser de près avant le scrutin présidentiel français.

Ces premiers résultats des primaires US comme certains scores en France traduisent en effet le début d'un éventuel phénomène à suivre de près : la politico-émancipation.

7 marqueurs sont à suivre :

1) la chute des idoles : fort dans les sondages, c'est être faible le jour du vote. Le sondage serait source de fragilité : du jamais vu,

2) le clanisme : les électeurs veulent des "gens comme eux". C'est la force d'un Bayrou actuellement en France ou d'un Santorum lors des primaires US,

3) l'égonomie : pas de promesses générales mais répondre à des besoins concrets liés au quotidien,

4) la proximité : c'est le dernier îlot de ce qui reste rassurant. Plus que jamais la prime à la proximité est forte,

5) les multi-vies : aller vers des candidats qui ont connu des épreuves, ont été capables de rebondir,

6) les SOS : éthique, environnement, famille, éducation deviennent un carré magique incontournable,

7) le citoyen justicier : tout ce qui peut incarner le système des pouvoirs qui incarnent l'oppression et l'irresponsabilité déchaîne le vote contre des citoyens dans une logique d'ultime justice populaire.

La crise fait peut-être naître de nouveaux réflexes en douceur dans la gestation mais en brutalité dans l'expression dans les isoloirs.

Si ces tendances se confirment, elles montrent les inflexions majeures urgentes à effectuer dans certaines campagnes.

Par exemple, actuellement, Dominique de Villepin resterait trop institutionnel dans ses priorités. Il gagnerait donc à aller vers des projets plus quotidiens.

Dans son look, il conserve beaucoup l'uniforme du politique (costume sombre et cravate). Pourquoi ne pas casser cette référence visuelle comme le fait avec succès Santorum actuellement ?

Ces tendances peuvent être celles du rebond pour un candidat actuellement en panne dans les sondages. Celui qui les incarne au plus près ces derniers jours c'est manifestement François Bayrou. Longtemps encore ? Longtemps seul à ce point sur ce terrain ?

  • Publié le 22 janvier 2012

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