Ségolène Royal met fin à la course au recentrage

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La leader socialiste se démarque de l'approche de Bayrou et s'enracine dans un affrontement droite / gauche bien classique. C'est une option surprenante au moment où la "gauche classique" est en fond de cale dans l'opinion.

Il s'est produit beaucoup de changements dans le style de vie des Français au cours des dernières années. Beaucoup plus de changements que ceux notés ou mis en évidence par les observateurs traditionnels. La crainte généralisée du chômage, le constat unanime des dysfonctionnements institutionnels, la perte de réactivité syndicale, une érosion certaine du niveau de vie?: toutes ces modifications constituent un nouvel état d'esprit qui ne peut pas ne pas avoir de conséquences politiques majeures.

Il serait prématuré de parler de "réorientation des appartenances politiques" à terme mais il est temps de parler d'un nouvel alignement de certains électorats.

L'élection présidentielle 2007 fait beaucoup penser à l'élection américaine de 1980. C'est l'élection qui n'a respecté aucun des fondamentaux traditionnels.

Pourquoi ?

La fin du mandat de Jimmy Carter avait été dominée par un tel sentiment de pagaille et d'échec que les électeurs voulaient tourner la page au plus vite.

Ce choc électoral fut tel que cette élection est devenue un sujet privilégié d'études universitaires.

Qu'en ressort-il ?

les électeurs n'ont pas voté pour Reagan par souci de conservatisme. 11% d'entre eux ont voté pour Reagan parce qu'il était conservateur,
mais seulement 37 % des électeurs de Jimmy Carter en 1976 lui sont restés fidèles en 1980. Le climat particulier de 1980 a conduit des groupes électoraux dont les Noirs et les Hispanos à remettre fondamentalement en cause leurs soutiens classiques.

Bref, ce fut l'élection du désalignement.

Les traumatismes collectifs sont désormais tels en France et les repères institutionnels traditionnels frappés d'une telle paralysie, que ce schéma de désalignement nous parait désormais ouvert.

La prochaine élection présidentielle rassemble donc tous les éléments pour échapper aux répartitions habituelles des forces politiques.
Aux USA, par le bipartisme, un tel climat avantage mécaniquement le camp d'opposition.

Bayrou parie sur ce désalignement. Royal y renonce.

  • Publié le 26 février 2007

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