DSK et la place nouvelle de la vie privée

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Pendant longtemps, une campagne électorale était le moment de regarder devant et de parler des programmes donc des questions de tous.

Maintenant, une campagne électorale c’est regarder derrière pour examiner à la loupe la vie des candidats et parler de questions personnelles. Le livre des journalistes du Monde sur DSK peut marquer un tournant.

Ce n’est plus promettre mais rendre compte de son être.

Les élections les plus récentes aux Etats-Unis ont franchi toutes les frontières traditionnelles. Pour bien imaginer la réalité des faits, il faut prendre des exemples concrets :

Nevada : Jim Giggons, Gouverneur sortant, est accusé d’avoir agressé une femme lors d’une soirée arrosée.

Pennsylvanie : un député Don Sherwood est accusé par sa maîtresse d’avoir voulu l’étrangler.

Floride : le scandale Foley est le révélateur de pratiques homosexuelles. Même climat dans le Montana.

Louisiane : sur dénonciation, la police fédérale trouve 90 000 dollars dans le réfrigérateur du député Jefferson.

Minnesota : le député Keith Ellison doit répondre aux accusations d’une femme qui prétend avoir eu des relations sexuelles avec lui.

Il n’y a plus de campagne qui échappe à des révélations d’adultères, de corruptions, d’harcèlements sexuels…

Tout aussi important, selon les sondages, le pourcentage des électeurs déclarant que ces questions seraient très importantes au moment de remplir leur bulletin augmente en permanence.

Une nouvelle vie publique prend naissance dans son contenu.

Dans son contenu, cette nouvelle vie publique est entièrement axée sur l’apolitique spectacle pour s’ouvrir sur l’examen des vies privées des candidats.

Il n’y a plus de politique mais des histoires de tranches de vie. Au début, ces histoires sont bien réglées. C’est la vie en papier glacé et en habits du dimanche. Rapidement, cette « belle musique » donne lieu à des investigations et tout remonte à la surface.

Tout remonte d’autant plus à la surface que, c’est tellement difficile de bien connaître quelqu’un, la moindre accusation même non fondée casse « cette belle musique ».

La France est en retard sur ce « chemin ». Mais elle l’a emprunté.

Là aussi, il ne faut pas se méprendre. Dés que la vie privée est exposée, elle ne résistera pas au « sacré ». La version officielle « bien propre » deviendra vite l’objet de pollutions diverses.

C’est réellement une nouvelle vie politique qui s’ouvre.

Le candidat ne peut plus rester à l’écart de l’exposition de sa vie privée sauf à encourir le reproche immédiat de vouloir cacher « l’inavouable ». Une fois cette vie ouverte au public, il faut s’attendre à des critiques, contestations, révélations.

Cette réalité est désormais tellement incontournable que chaque candidat doit veiller d’abord toiletter sa propre vie.

Allons-nous assister à des campagnes à « poubelles ouvertes ». La contagion ne manquera pas d’affecter les autres principales démocraties occidentales. Le Canada est déjà très exposé sur les dépenses personnelles comme la Grande Bretagne sur les scandales sexuels.

Très souvent, face à de telles modes, la France a du retard à l’allumage mais, une fois partie, elle rattrape vite son retard.

  • Publié le 9 juin 2012

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