Législatives 2012 et la société civile au vestiaire

  • Législatives 2012

On ne naît pas responsable politique. On le devient. Rapidement, un mimétisme dégage ce qui est désormais perçu comme des « attributs » de la classe politique par opposition aux traits dominants de ceux qui n’appartiennent pas à cette « classe ».

Ces attributs touchent à l’apparence comme au contenu même de l’expression. L’apparence paraît toujours guidée par une attitude hautaine qui maintiendrait les intéressés au-dessus du commun. Le costume cravate avec des couleurs sombres est ainsi devenu une sorte d’uniforme trans-partis. Quant à l’expression, elle est fortement matinée d’intellectualisme littéraire quelle que soit d’ailleurs la formation initiale des intéressés.

Le plus étonnant, ce n’est pas tant l’existence de tels traits dominants mais l’attractivité d’un code de conduite adopté de façon caricaturale par ceux que pourtant leurs parcours initiaux avaient éloignés de tels comportements. Après l’entrée dans cette « classe politique » des femmes se déféminisent, même d’anciens ouvriers communistes s’approprient les critères du notable politique préalablement résumés.

Cette situation semblait menacée par des signes annonciateurs d’éventuels changements profonds.

Pendant des décennies, les citoyens Français ont entretenu un rapport particulier avec l’Etat. Ils voyaient l’Etat comme ils voyaient les monarques, plus alliés qu’ennemis, plus protecteurs que dangereux, plus garants que menaçants.

Ces qualités de protection, de sécurité, de gardien de la liberté individuelle s’effondrent ou se sont déjà effondrées. Comment l’Etat pourrait-il être crédible pour protéger autrui alors qu’aux yeux d’un nombre de plus en plus important il n’est déjà plus apte à se protéger lui-même, que son fonctionnement est éloigné des règles élémentaires d’efficacité et encore davantage d’efficience ?

La population pouvait évoluer donc vers une conception à l’anglo-saxonne marquée par la méfiance vis-à-vis du Pouvoir.

Elle craint les abus de pouvoirs ; donc elle souhaite que le Pouvoir fasse peu, ne s’occupe plus de tout.

L’exemple le plus poussé de cet état d’esprit est celui des USA où la liberté c’est l’absence de Gouvernement.

Un grand hebdomadaire national avait consacré il y a 12 mois sa une aux « iconoclastes ». Le divorce entre la « classe politique » et les citoyens devait laisser un espace pour une nouvelle pensée et une nouvelle parole qui heurtent délibérément les « repères officiels ».

L’opinion publique française allait-elle installer une mode passagère ou réellement un nouvel état d’esprit ?

Ce fut une mode passagère, son caractère éphémère va signifier qu’en dehors de « marginaux », tout est vite dans l’ordre traditionnel. La « classe politique » n'a pas été sérieusement ébranlée dans ses repères habituels.

Bien davantage, tant lors de la présidentielle 2012 que lors des législatives, l'opinion a mis la société civile au vestiaire.

  • Publié le 16 juin 2012

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