Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy en panne de campagne

Nous étions les premiers à l'annoncer en début de semaine, la percée de François Bayrou menace la présence de Ségolène Royal au second tour de la présidentielle. Cette percée est le premier acte d'une remise en question en profondeur de l'actuel échiquier politique. Elle est surtout le succès par défaut d'innovation des deux autres candidats. Le sondage CSA pour le Parisien de ce jour le confirme en donnant Sarkozy à 26, Royal à 25 et Bayrou à 24 ; ce qui avec la marge technique d'erreur signifie qu'ils sont à égalité.

Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal vivent un trou d'air commun. Ce qui était prévisible depuis quelques jours se confirme. Rien n'est joué pour la présence au second tour.

La percée de Bayrou est le produit de trois facteurs.

D'abord, la frilosité des deux principaux candidats qui ont gagné leurs galons de candidats dans le rejet des systèmes établis pour mieux donner le sentiment de les épouser une fois leurs désignations officialisées.

C'est ce paradoxe que l'opinion sanctionne actuellement.

Finalement, "ils sont bien comme les autres" puisque les équipes reprennent ceux que l'opinion ne veut plus voir : depuis les éléphants du PS jusqu'aux caciques de l'UMP. Sarkozy, Royal incarnaient le courage et le neuf. Aujourd'hui, c'est Bayrou qui l'incarne et l'opinion s'avère d'une remarquable constance.

Ensuite, la démocratie d'opinion crée une dynamique auto-entretenue à la hausse comme à la baisse. La sagesse populaire dit que la véritable prison c'est le regard des autres. Le sondage fait le regard des autres. Le gagnant devient plus crédible et le perdant devient plus fragile. C'est pourquoi, il faut toujours se méfier de la création durable des dynamiques.

Enfin, c'est le sentiment que rien ne peut être pire que l'actuelle situation. C'est l'échec d'un régime incapable d'apporter des réponses aux attentes de l'opinion. Par conséquent, l'opinion veut changer. Depuis 2004, date de la véritable crise profonde, le pouvoir sortant a vécu une crise de popularité considérable. L'opinion avait tourné la page. Sans le précédent de 1997, la responsabilité de J. Chirac devait le conduire à dissoudre pour permettre à l'opinion de s'exprimer et donc ne pas la placer dans la contestation détournée du moindre scrutin (Régionales, Traité Européen).

Chaque fois que N. Sarkozy s'opposait à J. Chirac, il gagnait en popularité. Chaque fois que S. Royal s'opposait aux éléphants du PS, elle prenait des points. Une fois rentrés dans leurs ancrages historiques, un espace a été libéré. La politique ayant horreur du vide, cet espace est désormais occupé. Jusqu'où ?

  • Publié le 8 mars 2007

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